
THÈSES, PROBLEMES ET HISTOIRE AU TOUR DU CONCEPT DE FORCLUSION
Author(s) -
Luiz Eduardo Prado de Oliveira,
Thierry Simonelli
Publication year - 2017
Publication title -
psicologia argumento/psicologia argumento
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 1980-5942
pISSN - 0103-7013
DOI - 10.7213/rpa.v25i49.20103
Subject(s) - humanities , philosophy
Dans l’histoire du langage de spécialité propre à la psychanalyse, il y a eu un certain délire de création de nouveaux concepts et de nouveaux mots. Avec les premiers psychanalytiques, cette pratique était relativement normale. Je dis relativement parce que déjà la création du concept de “introjection” par Ferenczi est soumise à une grande confusion et il faut l’intervention de Karl Abraham pour que concept et mot soient stabilisés. A partir de 1950, avec l’essor de la psychanalyse, tout se passe comme si aucun psychanalyste ne pouvait se sentir créateur en dehors de son apport à une construction conceptuelle et lexicale de plus en plus digne de Babel. De nos jours, le concept de forclusion est entré dans le quotidien des psychanalystes et dans la culture en générale. La création de ce concept et la récupération de ce mot du vocabulaire juridique et son implantation en psychiatrie, en psychologie clinique et psychanalyse, pose de problèmes sérieux. Complètement étranger à Freud en tant que désignant un mode de fonctionnement spécifique, le mot de forclusion apparaît comme un symptôme des grandes différences entre la psychiatrie ou la psychologie Allemande et de langue anglaise et la psychiatrie française, avec sa passion des grands tableaux nosographiques et des structures entendues en dehors de toute dynamique. Freud refuse même une première ébauche de ce concept, mais rien n’y fait: porté par une faute de traduction majeure, Lacan ancrera son nouveau concept comme critère de démarcation entre psychoses, névroses et perversions, ce qui déjà, en soi-même, semblerait étrange aux cliniciens de langue anglaise et allemande, qui néanmoins finissent par adopter le mot de forclusion.