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Vivre avec une assistance animale, ou comment la présence d’un chien guide d’aveugle redéfinit les relations du déficient visuel avec les autres membres de la famille
Author(s) -
Yasmine Debarge
Publication year - 2019
Publication title -
enfances, familles, générations
Language(s) - French
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.105
H-Index - 7
ISSN - 1708-6310
DOI - 10.7202/1064507ar
Subject(s) - humanities , political science , philosophy
Cadre de larecherche : La situation de handicap entraîne une oudes formes de dépendance de la personne handicapée vis-à-vis de sonentourage ou de professionnels. Des aidants, membres de la famille, sontalors sollicités de façon plus ou moins récurrente pour accompagner lapersonne dans les activités qu’elle ne peut accomplir seule. Animés par despratiques relevant du care (du « soin à l’autre ») (Garrau et Le Goff, 2010), des liens particuliers, différents des relations ordinaires,se nouent en conséquence, notamment avec les parents. Ce type de relationfondée sur la dépendance interroge les modèles familiaux occidentaux, quitendent à favoriser les liens électifs entre individus, ce qui dénote unmouvement d’autonomisation (De Singly, 2000) desindividus et un primat de l’affection. La personne handicapée est alorsprise entre deux forces contraires : la nécessité de faire appel à sesproches et/ou à des personnes ou des institutions extérieures, et la volontéd’être plus autonome ou aussi autonome qu’une personne non handicapée(De Singly, 2000). C’est précisément entre ces deuxforces qu’intervient l’assistance animale, et plus précisément, ici, lechien guide. En tant qu’être vivant, le chien guide apporte un soutienquotidien à son maître, lui permettant d’adopter un rôle différent vis-à-visdes autres membres de la famille. Objectifs:L’objectif de cette enquête exploratoire est d’identifier lespistes de recherche autour de cette thématique de l’assistance animale. Eneffet, le gain d’autonomie par rapport à la famille et le soulagement quecela peut représenter pour les tiers aidants transforment des relationsintrafamiliales initialement modifiées par le handicap. En parallèle se noueune relation d’affection spécifique à l’animal, qui lui vaut une placeparticulière au sein de la famille. Le chien n’a pas un statut de simpleanimal familier et n’est pas non plus un travailleur ducareordinaire. Il s’agit donc de comprendre les conséquences del’assistance animale sur la façon dont la personne handicapée joue ses rôlesau sein de la famille et d’éclairer les transformations de la place du chiendans les sociétés occidentales contemporaines à partir du statut du chienguide au sein de familles comptant une personne handicapée.Méthodologie: En France,l’Association Nationale de Maitres de Chiens Guides d’Aveugles (ANMCGA) a priscontact avec certains de ses adhérents les plus actifs afin de les informer decette enquête. À la demande de l’enquêtrice et afin d’obtenir un échantillon leplus hétérogène possible, l’ANMCGA a sélectionné les répondants en fonction decritères de sexe, d’âge et de situation familiale. Onze entretienssemi-directifs d’une demi-heure à une heure ont été menés avec des maîtres dechiens guides. Des séquences de ces entretiens, en particulier de descriptiond’évènements particuliers ont été analysés. Résultats:Il est montré comment le chien guide soutient son maître dans l’exercice de sesrôles d’enfant, de conjoint, de parent ou de grand-parent, notamment par ledegré d’autonomie qu’il confère à son maître. Il est également décrit commentles proches et les moins proches accueillent l’assistance animale et intègrentou non le chien dans le fonctionnement de la famille. En effet, grâce au chien,le maître peut se déplacer sans aide et accomplir toutes sortes d’activitésqu’il n’aurait pu faire seul. Les aidants n’ont plus alors à adopter le mêmecomportement de vigilance en présence de la personne déficiente visuelle. Lechien joue donc une fonction d’appui du maître dans ses rôles familiaux. Conclusion: Cette étude exploratoire permet deconclure que le chien joue une fonction d’appui dans les rôles familiaux enaidant le maître à remplir les rôles de fils/fille (d’un parent âgé), conjoint,mère/père, grand-mère/grand-père… L’ensemble des différentes phases de la vieexige aujourd’hui dans notre société une certaine autonomie et les rôles quileur correspondent mobilisent des liens de solidarité familiale qui sereconfigurent en fonction de l’autonomie de chacun. L’assistance animale permetà la personne déficiente visuelle d’accomplir des activités qu’elle aurait euplus de mal à réaliser sans son chien. De plus, l’assistance animale soulage lesproches d’une inquiétude qui dans certains cas peut avoir un impact sur lesdynamiques relationnelles. La présence constante des chiens auprès de leurmaître les insère complètement dans toutes les activités familiales,contrairement à d’autres chiens ou animaux domestiques qui ne peuvent accéder àtous les lieux dans lesquels les membres d’une même famille sont amenés àévoluer et se retrouver. Ainsi, le travail de care accompli par le chien génèreune dette à son encontre, à fortiori de la part de la personne déficientevisuelle qui considère qu’elle doit prendre soin de l’animal lorsque celui-cirencontre des difficultés, mais également fréquemment par extension de la partdes proches de la personne déficiente visuelle. Contribution: À notreconnaissance, aucune étude similaire n’a été réalisée auparavant.

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