
Une théologie de l’altérité : Michel de Certeau
Author(s) -
Lucie Hervieux
Publication year - 2019
Publication title -
théologiques
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 1492-1413
pISSN - 1188-7109
DOI - 10.7202/1056943ar
Subject(s) - humanities , philosophy
La question de l’altérité chez Michel de Certeau est au coeur de sa ( dé ) - marche théologique et noue inséparablement la question d’un sujet en quête de son désir et en ce qu’il se reconnaît comme manque à être. Quelques repères nous permettent d’étayer l’état de la question. Il semble que pour Certeau, la théologie, s’il en est une, se fait autrement. Depuis la modernité quelque chose s’est rompue, le « dire » et le « faire » théologiques ne font plus consensus ni sur les pavés des Églises ni dans l’ordre des discours relatif à l’éveil des sciences humaines. Un socle s’est rompu. La rupture même fait office de lieu théologique, elle porte une coupure épistémologique : le travail théologique ne peut en aucun temps être fixé une fois pour toutes et figé dans des énoncés évidés de leur fondement, c’est-à-dire évacuer l’expérience même d’une rencontre de l’ autre et de l’Autre. Il ne s’agit pas pour Michel de Certeau de poser un savoir sur Dieu ni de lui imposer un lieu mais de reconnaître l’( in )-appropriable d’un « non-lieu ». L’acte théologique pose désormais l’acte d’un sujet qui se met en mouvement, entamant une marche incessante, en travail de désir d’ autre et en la rencontre de l’Autre. Le discours théologique porte le produit langagier de cette rencontre dans son (im)-possibilité d’en tenir lieu. La théologie devient ainsi elle-même acte d’énonciation.