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L’expérience des femmes quadragénaires en AMP : les seuils de la temporalité procréative, de la fertilité et de l’infertilité en question
Author(s) -
Ma Vialle
Publication year - 2018
Publication title -
enfances, familles, générations
Language(s) - French
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.105
H-Index - 7
ISSN - 1708-6310
DOI - 10.7202/1051496ar
Subject(s) - gynecology , humanities , political science , medicine , art
Cadre de la recherche : Le recul de l’âgeà la première maternité dans les sociétés euro-américaines conduit de plus enplus de femmes à se tourner vers l’assistance médicale à la procréation (AMP) enraison d’une infertilité liée à l’altération « naturelle » de leur réserveovarienne. En France, elles sont prises en charge en insémination ou fécondationin vitro intraconjugale jusqu’à 43 ans, mais lerecours à l’autoconservation ou au don d’ovocytes pour pallier cette infertilitéconsidérée comme non « pathologique », ne leur est pas permis. De ce fait, dèslors que l’altération de leur réserve ovarienne est trop importante, leur priseen charge est arrêtée. Objectifs : Dans ce contexte, cet articlepropose de questionner les seuils de la temporalité procréative, de la fertilitéet de l’infertilité féminine tels qu’envisagés par le modèle bioéthique françaisde l’AMP, en particulier la façon dont l’infertilité – en tant que phénomènebiologique « normal » ou « pathologique » – est appréhendée pour penser le seuildu permis et de l’interdit en France. Méthodologie : Nous nous appuyons pourcela sur une étude des expériences et vécus de femmes quadragénaires en AMP àpartir d’une enquête sociologique par entretiens qualitatifs réalisée auprès de23 femmes âgées de plus de 40 ans, confrontées à une altération de leur réserveovarienne et prises en charge au sein de deux centres d’AMP marseillais. Résultats : L’enquête permet de préciserles profils et trajectoires biographiques des femmes de plus de 40 ans en AMP,ainsi que leurs vécus de l’infertilité liée à l’âge. Une diversité de raisonsexpliquant la temporalité de leur projet parental apparaît, liée aux injonctionsde la « norme procréative » comme aux évolutions sociodémographiques conduisantau rajeunissement des classes d’âge. Dans ce contexte, la découverte de leurinfertilité attribuée au vieillissement fait l’objet d’une surprise, elleapparaît en écart profond avec leur « sentiment de jeunesse », tant sur le planphysiologique, psychologique que social. Conclusions : Nous montrons que lestrajectoires et expériences de l’infertilité liée à l’âge dont témoignent lesfemmes interrogées mènent à appréhender autrement les seuils de la temporalitéprocréative par-delà la seule dimension biologique représentée en AMP par la capacité ovarienne , et à prendre plus largement encompte le corps dans son ensemble, ainsi que les dimensions sociales,relationnelles et temporelles de l’infertilité. Contribution : La recherche présentéedans cet article permet de mettre à distance la façon dont la notion mêmed’infertilité est appréhendée par le cadre légal, médical et plus largementsocial. Loin d’apparaître comme un fait figé et strictement biologique, l’étudedes pratiques dévoile ici la complexité de cette notion et remet en question lesoppositions normal/pathologique et social/biologique dans la façon d’appréhenderl’infertilité en France.

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