
Corps d’hommes sous le regard de femmes : une sociologie de l’apparence au prisme de la conjugalité
Author(s) -
Marion Braizaz
Publication year - 2017
Publication title -
enfances, familles, générations
Language(s) - English
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.105
H-Index - 7
ISSN - 1708-6310
DOI - 10.7202/1041059ar
Subject(s) - humanities , art
Cadre de la recherche : Au XXe siècle, une inflexion majeure s’est produite quantaux représentations sociales associées à la corporéité. La mise en scène de soncorps est aujourd’hui pensée dans notre société comme devant être unique etrévélatrice d’une prise en main identitaire. Alors qu’ils furent longtemps tenusà distance du monde du « paraître », les hommes sont désormais – tout comme lesfemmes – marqués dans leur quotidien par l’impératif esthétique. Au cœur del’intimité conjugale, cette nouvelle donne trouve d’ailleurs une résonnanceparticulière. Objectifs : Tel est le sujet de cetarticle : démontrer combien l’apparence constitue de nos jours un enjeu conjugaldécisif, les choix esthétiques de chacun des partenaires étant toujours soumisau regard de l’autre.Méthodologie : Suite à uneenquête qualitative menée en France sur l’expérience esthétique des individus(32 femmes, 28 hommes), nous avons, à ce sujet, identifié une asymétrie genréefondamentale dans la sphère privée.Résultats : Aujeu des apparences, dans l’espace conjugal, l’imaginaire social amoureuxvalorisant le bien-être de chacun se heurte à une souveraineté féminine. Unedépendance esthétique des hommes aux femmes s’observe. Face à celle-ci, lestactiques masculines sont alors radicalement opposées d’une classe sociale àl’autre. Si les hommes des classes aisées parviennent à rétablir un équilibre eninstaurant une réciprocité subtile, les hommes issus de milieux populairess’avèrent quant à eux totalement démunis, ne pouvant opposer à cette empriseféminine que des tactiques de résistances minimes.Conclusions : Croisant des analyses surla sociologie du couple à une sociologie des pratiques esthétiques, cetarticle révèle combien la conjugalité se trouve être le lieu derapports de pouvoir indéniables, doublement marqués, par le genre mais aussi parle niveau social. Contribution : Cet articlepermet d’observer à quel point le couple constitue une modalité centrale del’expérience esthétique des hommes, ce qui est loin d’être autant le cas du côtédes femmes.Research Framework: In the twentieth century, there was a major inflexionregarding social representations of the body. Currently, the way individuals stage their own bodies is seen in oursociety as something that has to be unique, reflecting one’s identityconstruction. While men have kept away from the world of appearance for along time, they are now – like women – marked in theireveryday life by the aestheticimperative. Within conjugal intimacy, this new order has a particularresonance. Objectives: The subject of our article is to demonstrate how the work ofappearance represents a decisive conjugal issue, where the aesthetic choicesof each member of a couple are constantly submitted to the other’seyes.Methodology: Following a qualitative survey about the aesthetic experienceof individuals conducted in France among 32 women and 28 men, we identifieda crucial gendered asymmetry in the private sphere. Results: In the conjugal game of appearances, the social imaginary promoting thewell-being of everyone collides with feminine sovereignty. Men's aestheticdependency on women appears evident. Faced with this women’s influence, maletactics are radically different from one social group to another. At the topof the social ladder, men of the upper classes manage to restore balance bycreating a subtle reciprocity. On the opposite end of the spectrum, men ofmore modest social classes are bereft of this option and can only offerminimal resistance to this control by women.Conclusions: Using a cross-referencedanalysis of the sociology ofcouples and a sociology of aesthetic practices, this article highlightshow conjugality happens to be the place of undeniablyimbalanced power, doubly marked, both by gender and social status.Contribution: Moreover, this article emphasizes how conjugality constitutesa key modality of men’s aesthetic experience, whichis far from being the case for women