
Le Sublime et le Pire dans le dialogisme romanesque et la vocation théâtrale des romans schwarz-bartiens
Author(s) -
Agnès Felten
Publication year - 2020
Publication title -
mouvances francophones
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 2371-7211
DOI - 10.5206/mf.v6i1.10922
Subject(s) - art , humanities
Victor Hugo l’a démontré dans ses oeuvres, le théâtre n’est souvent qu’une forme aboutie du roman. Les deux genres, presque radicalement opposés, communiquent par le biais du dialogue. Dans les romans schwarz-bartiens, il s’effectue à plusieurs niveaux : les auteurs entre eux, entre les oeuvres aussi (selon le concept de Bakhtine), et enfin entre les personnages. Parfois, un effet-miroir entre le narrateur et l’auteur pénètre l’écriture. L’oeuvre ouvre un dialogue infini qui s’oriente vers le Sublime. Toutefois, il est devenu impossible de taire le Mal, surtout dans un univers scriptural qui doit traiter de deux événements à jamais associés à l’horreur la plus absolue : l’esclavage et la Shoah. Dans la pièce de Simone Schwarz-Bart, le dialogue est d’autant plus original que la voix de l’absente se fait entendre et prend presque le pas sur le personnage en scène. La voix mise en scène et le personnage qui lui répond, en reprenant mimétiquement ce qu’il entend, fait naître une deuxième personne qui porte l’interrogation des relations humaines et de la place accordée à l’autre : « Tu seras mon autre, mon capitaine » et « mon destinataire préféré» ! Mais subitement, tout peut s’arrêter et le dialogue est rompu. Ainsi, cette œuvre à quatre-mains et aux multiples visages implique un dialogisme qui induit une vocation (un appel de la voix) théâtrale.