
Collaborer avec ses rivaux
Author(s) -
Delphine Froment
Publication year - 2022
Publication title -
revue d'histoire contemporaine de l'afrique
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 2673-7604
DOI - 10.51185/journals/rhca.2022.0302
Subject(s) - humanities , political science , art , philosophy
En 1889, l’explorateur allemand Hans Meyer est le premier Européen à atteindre le sommet du Kilimandjaro. Depuis la fin du xviiie siècle, chaque première ascension de sommet est présentée comme une « conquête » et l’alpinisme devient un vecteur de nationalisme. Or, le Kilimandjaro est considéré comme le toit de l’Afrique, et les empires allemand, britannique et zanzibarite sont alors en concurrence en Afrique de l’Est. Aussi, à son retour, Meyer ne manque pas de souligner la portée politique de son exploit : il vient de faire du Kilimandjaro une montagne allemande. Pourtant, diverses sources montrent que Meyer a bénéficié d’un remarquable soutien logistique de la part du sultanat de Zanzibar et des Britanniques. En questionnant ces coopérations transimpériales, cet article entend montrer qu’en dépit d’un contexte de fortes rivalités, la conquête du Kilimandjaro n’est pas encore, à la fin des années 1880, vue comme un enjeu de puissance impériale, mais surtout comme une manifestation de la maîtrise occidentale de la nature.