
The historical figure of Ibn ‘Abbâs
Author(s) -
Viviane Comerro
Publication year - 2011
Publication title -
revue du monde musulman et de la méditerranée/revue des mondes musulmans et de la méditerranée
Language(s) - English
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.132
H-Index - 4
eISSN - 2105-2271
pISSN - 0997-1327
DOI - 10.4000/remmm.7122
Subject(s) - philosophy
‘Abdallâh b. ‘Abbâs est l’une des hautes figures du savoir islamique constitué au premier siècle. Les diverses notices biographiques qui lui ont été consacrées dans les sources sunnites en témoignent à travers le portrait lisse et monochrome du Compagnon et du savant. Cependant, un autre portrait nous a été conservé, celui d’un homme partisan, au cœur de la mêlée qui oppose les différents clans de Quraysh dans la lutte pour le pouvoir. La figure dessinée par l’ouvrage édité sous le titre Akhbâr al-Dawla l-‘Abbâsiyya (ou quelques autres ouvrages du même genre) échappe en grande partie à l’exemplum déshistoricisé des traditionnistes. Cet autre point de vue ne donne nullement à croire que l’auteur anonyme des ADA nous fournit une image plus authentiquement historique d’Ibn ‘Abbâs, mais il vient contredire la vision des religieux, ou celle des anthropologues, qui s’attachent à gommer l’accidentel dans le portrait stéréotypé. Certes, l’homme de chair et d’os, l’individu Ibn ‘Abbâs, nous échappe définitivement, mais sa figure historique peut-être pas. On peut, en effet, se demander si dans les informations rapportées par certains akhbâr, et qui relèvent de la recréation littéraire, ne se dissimule pas aussi la démarche réflexive de l’historien qui met en scène des faits en leur fournissant une explication. À la différence des traditionnistes qui ne se risquent dans le conflit que de façon allusive ou feutrée, les historiographes et leurs informateurs, des hommes souvent non répertoriés parce qu’ils n’appartiennent pas aux cercles de la riwâya, ne dissimulent pas les enjeux d’ordre historique. Quelques exemples empruntés aux ADA en sont donnés. ‘Abdallâh b. ‘Abbâs is one the great figures of the intellectual history of Islam’s first century. He was the subject of various biographical notes in Sunni sources that portray him as a monochromatic companion and scholar. However, another portrait of him was preserved in the work published under the title Akhbâr al-Dawla l-‘Abbâsiyya (ADA) and in some similar literary works. Contrary to the unhistoricized portrait given by the traditionists’ exemplary literature, he is here depicted as a man who takes sides in the struggle for power among the numerous clans of Quraysh. Even though the portrayal of Ibn ‘Abbâs by the anonymous author of the ADA cannot be regarded as “more genuine” or “more historical”, it nevertheless proves to be at odds with the point of view of anthropologists and the ulama, who tend to construct a stereotyped portrait and to erase the “accidental” from it. Nonetheless, if the man Ibn ‘Abbâs, in flesh and blood, will forever elude us, it may not be the case for the historical figure. Indeed, we can wonder if a number of akhbâr, which fall into the category of literary re-creation, actually reveal the reflexive approach of the historian, who builds an account and derives meaning from the facts. Contrary to traditionists who shun disclosing the existence of conflicts, or only do so in an allusive way, historiographers and their informants – often unidentified because they don’t belong to the circles of the riwâya – don’t conceal the historical stakes. This point is illustrated by a few examples taken from the ADA