
Les écoles néo-nurcu de Fethullah Gülen en Asie centrale : implantation, fonctionnement et nature du message véhiculé par le biais de la coopération éducative1
Author(s) -
Bayram Balcı
Publication year - 2003
Publication title -
revue du monde musulman et de la méditerranée/revue des mondes musulmans et de la méditerranée
Language(s) - English
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.132
H-Index - 4
eISSN - 2105-2271
pISSN - 0997-1327
DOI - 10.4000/remmm.54
Subject(s) - humanities , political science , art
Depuis la fin de l'URSS, l'Asie centrale turque (l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Kirgistan) ont émergé sur la scène géo-politique et ont nourri le débat identitaire en Turquie. Alors que l'Etat turc attribue une grande importance géopolitique à ces républiques, la présence turque dans ces pays résulte plus de l'engagement d'acteurs privés parmi lesquels la communauté de Fethüllâh Gülen, leader de la branche du mouvement nurcu fondée par Said Nursi (1873-1960). À l'aube de l'indépendance des pays d'Asie centrale, la communauté de Fethüllâh Gülen, est à l'apogée de son pouvoir d'influence en Turquie car il profite d'un important réseau dans le système éducatif qui sert sa stratégie en Asie centrale. Cette communauté a inauguré dès septembre 2002 des douzaines d'écoles privées montées par des professeurs nurcu en partenariat avec des enseignants d'Asie centrale et grâce au soutien du mécénat et à l'action missionnaire du mouvement éducatif. Comme tout mouvement missionnaire, le groupe de Fethüllâh Gülen, développe une idéologie et transmet un message pour la diffusion d'un islam moderne, légèrement teinté de mysticisme. La diffusion de l'éthique musulmane est d'ailleurs la première motivation des missionnaires nurcu d'Asie centrale. Néanmoins, à cause de la suspicion et même de la paranoïa qui ont cours dans ces États post-soviétiques, contre toutes les formes de mouvements religieux, les écoles nurcu ont dû focaliser leur enseignement plus sur la turcité que sur l'islam ce qui explique les bonnes relations que ces communautés ont avec les États turcs d'Asie, alors qu'elles le sont beaucoup moins avec la Turquie. Alors que le mouvement de Fethüllâh Gülen est très apprécié en Asie centrale pour ses activités éducatives, il n'a aucune garantie d'être établi durablement dans la région. De fait, actuellement, la majorité de ses missionnaires sont des Turcs anatoliens. L'éducation d'élites locales va prendre plus de temps ; elle dépendra de la rapidité à laquelle les nouveaux régimes évolueront vers plus de tolérance pour les différents mouvements politiques et religieux. Since the break up of USSR, Turkic Central Asia - Uzbekistan, Turkmenistan, Kazakhstan et Kyrgyzstan - emerged on the geopolitical scene and fed the identity debate in Turkey. Although the Turkish state grants these republics a new and high geopolitical importance, Turkish presence in the region results more from the commitment of private actors, among which one should distinguish the community of Fethullah Gülen, leader of a branch of the nurcu movement funded by Said Nursi (1873-1960). On the eve of independence in Central Asia, the community of Fethullah Gülen stands at the peak of its power and influence in Turkey. It benefits from a large and powerful educational network that serves its implementation strategy for Central Asia. With the support of businessmen and missionary education professionals, this community inaugurates as soon as September 1991 dozens of private schools run by nurcu professors together with their Central Asian partners. Businessmen from Turkey and Central Asia provide the financial support necessary for the development of such schools, out of which will emerge the next elites of the nation with a close relationship to the movement. Like any missionary movement, the group of Fethullah Gülen carries an ideology and spreads a message for the dissemination of an Islam based on modernity and slightly tinged with mysticism. Spreading Islamic ethics is definitely the priority motivation for nurcu missionaries in Central Asia. However, because of the strong suspicion and paranoia among those post-Soviet states against any kind of religious movement, nurcu schools in order to strengthen their presence focus more on turcity than on Islamic ethics. Their contribution to the dissemination of turcity explains the good relations this religious community has been maintaining with the Turkish state in Central Asia while their relations are very much problematic in Turkey. Whereas very much appreciated in Central Asia for their education activities, Gülen's movement has no guarantee for sustainability in the region. Indeed, today the majority of its missionaries are Turkish expatriates from Anatolia. The education of local elites will take more time, as it will depend from the rapidity with which the new regimes will move towards more tolerance and freedom for all political and religious trends and movements