
Les Kurdes de Syrie, de la “dissimulation” à la “visibilité” ?
Author(s) -
Jordi Tejel
Publication year - 2006
Publication title -
revue du monde musulman et de la méditerranée/revue des mondes musulmans et de la méditerranée
Language(s) - French
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.132
H-Index - 4
eISSN - 2105-2271
pISSN - 0997-1327
DOI - 10.4000/remmm.3022
Subject(s) - political science , humanities , ideology , identity (music) , politics , law , philosophy , aesthetics
Depuis la création de l’État syrien, divers segments de la société kurde ont été intégrés au système politique et/ou communautaire. Toutefois, si durant la première moitié du xxe siècle, cette intégration ne présentait pas de problèmes majeurs, l’identité kurde n’étant pas menacée, elle s’est avérée plus complexe avec l’arrivée au pouvoir du parti Ba‘th. Alors que des élites civiles et religieuses ont été cooptées par le régime, la plupart des Kurdes ont opté pour la « dissimulation », cultivant les signes identitaires de la remise en cause de l’idéologie officielle dans leur for intérieur. Or l’autonomisation progressive du champ politique kurde en Syrie et les expectatives suscitées par l’autonomie kurde en Irak ont créé les conditions favorables à un changement de stratégie identitaire passant de la « dissimulation » à la « visibilité ». Un passage qui pourrait se réaliser sous le signe de la radicalisation, voire de la violence. Since the creation of the Syrian state, diverse segments of Kurdish society have been integrated into political and civil society. If, however, during the first half of the 20th century this integration did not present major problems – Kurdish identity was not threatened – with the accession to power of the Ba’th Party, Kurdish integration proved more complex. While Kurdish civil and religious elite were co-opted by the regime, most Kurds opted for “dissimulation”, cultivating internally forms of identity that challenge official ideologies. However, the progressive autonomy of the Kurdish political space in Syria and the uncertainty aroused by Kurdish autonomy in Iraq have created conditions for a change in ethnic strategy, from one of “dissimulation” to one of “defiant visibility.” This transition could lead to radicalization and even violence