
The Body of the Ottoman Sultan
Author(s) -
Nicolas Vatın
Publication year - 2006
Publication title -
revue du monde musulman et de la méditerranée/revue des mondes musulmans et de la méditerranée
Language(s) - French
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.132
H-Index - 4
eISSN - 2105-2271
pISSN - 0997-1327
DOI - 10.4000/remmm.2981
Subject(s) - ancient history , history , geology
La personne du sultan est la clef de voûte de l’État ottoman. C’est son existence qui assure le bon ordre du monde. Il n’est donc pas étonnant que la société ottomane n’ait jamais admis la possibilité d’une solution de continuité dynastique et ait, de ce fait, accordé une importance considérable à la présence physique de la personne du souverain. Ainsi le corps vivant du sultan, s’il n’était pas à proprement parler sacré, était cependant d’une nature surhumaine, d’une valeur supérieure qui était plus que symbolique et dépassait sa personne individuelle.En conséquence, mort ou déposé, le sultan n’était plus rien et aucun respect particulier n’était dû à sa personne physique. Bien au contraire, alors que, en cas de décès, il devenait en théorie un musulman comme un autre, sa qualité d’ancien souverain faisait qu’il avait moins de droits qu’un autre. Son corps pouvait subir des traitements plus ou moins dégradants dictés par des considérations politiques, à commencer par le refus de toute solution de continuité dynastique qui obligea plus d’une fois à maintenir le décès secret et à retarder de plusieurs semaines l’inhumation du défunt.On peut cependant discerner des éléments de sacralisation du corps mort du sultan, voire même les traces d’un culte qui aurait pu se développer. Mais celui-ci était sans doute trop païen pour s’imposer dans un État qui tendit au cours des siècles à renforcer l’orthodoxie de ses pratiques et à accorder une place croissante à la dynastie au détriment de la personne des sultans individuels