
Le Mahdi dans le Maghreb médiéval
Author(s) -
Michael Brett
Publication year - 2000
Publication title -
revue du monde musulman et de la méditerranée/revue des mondes musulmans et de la méditerranée
Language(s) - French
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.132
H-Index - 4
eISSN - 2105-2271
pISSN - 0997-1327
DOI - 10.4000/remmm.250
Subject(s) - art , humanities
Dans le monde islamique médiéval, l'Afrique du Nord fut le centre principal du mahdisme, qui y inspira deux des trois grandes révolutions qui unifièrent le Maghreb entre le IV/Xe et le Vl/XIIe siècles : celle des Fatimides au Xe et celle des Almohades au XIIe siècle. La forme islamique du messianisme judéo-chrétien, le mahdisme, attendait l'arrivée d'un second Muhammad pour inaugurer un âge d'or ; mais il souffrait aussi d'une hésitation entre un royaume de ce monde ou du monde à venir, entre un homme envoyé par Dieu ou un être divin. Son succès au Maghreb était le fruit de son appel aux fidèles à conquérir le monde, moyennant une prédication militante adressée à des populations tribales pour les persuader de se soumettre à la discipline militaire imposée par un prophète. Dans les deux cas, néanmoins, la prédication et son accomplissement se divisèrent entre un annonciateur comparable à Saint Jean-Baptiste et « l'homme né pour être roi ». Dans le cas des Fatimides, le roi fut le mahdi lui-même ; mais dans le cas des Almohades, le mahdi fut le prophète qui ouvrit la voie à son calife, destiné au gouvernement du monde. Après la désintégration de l'empire almohade au XIIIe siècle, le mahdisme se réduisit au Maghreb à un millénarisme inefficace, mais revint au pouvoir au XVIe avec la dynastie saadienne au Maroc. Ici encore, comme dans le cas d'Abdelkader en Algérie au XIXe siècle, le mahdisme se fonda sur la même distinction entre prophète et roi ; mais, au cours du XXe siècle, il a été remplacé par le nationalisme comme force politique efficace