Les débuts d'une revue néo-salafiste : Muhibb al-Dîn al-Khatîb et Al-Fath de 1926 à 19281

Al-Fath, hebdomadaire du réformisme musulman égyptien, naquit en 1926 au Caire, et parut régulièrement jusqu'après la Seconde Guerre mondiale. Ce journal fut fondé par Muhibb al-Dîn al-Khatîb (1886-1969), Syrien installé au Caire. Al-Fath est avant tout une revue religieuse qui veut défendre l'islam sur tous les fronts ; il se présente comme un journal islamique, scientifique et moral qui vient remplir un vide dans le monde de la presse égyptienne, monopolisée par la presse libérale des Syriens du Caire. Le journal recense méticuleusement tous les signes de crise dans un monde islamique menacé : inquiétude devant l'occidentalisation croissante de l'Orient (tafarnuj), angoisse et sentiment de scandale devant les réformes laïques de la Turquie kémaliste, devant la présence prosélyte de missionnaires chrétiens en Orient ou devant les progrès de l'athéisme et du positivisme chez les musulmans. Dans la question féminine, al-Fath prend fermement parti contre le dévoilement des femmes. Dans cet univers assiégé, quelques lueurs d'espoir sont signalées par al-Fath : la naissance de l'Arabie Saoudite et la création de clubs et d'associations islamiques dont les Jeunesses musulmanes et les Frères musulmans dont Khatîb soutint la création. Al-Fath, the Egyptian reformist weekly, was established in 1926 in Cairo and it appeared regularly until just after the Second World War. This journal was established by Muhibb al-Dîn al-Khatîb (1886-1969), a Syrian who lived in Cairo. Al-Fath is above all a religious journal whose aim is to defend Islam on all fronts : it is presented as an Islamic, scientific and moral journal whose mission is to fill the gap in the Egyptian press, monopolised by the liberal press published by Syrians living in Cairo. The journal meticulously lists all the signs of crisis in the threatened Islamic world : worry in face of increasing Westernisation in the Orient (tafarnuj), anguish and the scandalous feelings in relation to the secular reforms of Kemalist Turkey, worry about the proselyte presence of Christian missionaries in the Orient and the increasing atheism and positivism among Muslims. As for the feminine question, al-Fath is strongly against unveiling for women. In the assailed world depicted by al-Fath, the journal however signals a few rays of hope : the creation of Saudi Arabia as well as the creation of clubs and Islamic associations among which are the Muslim Youth and the Muslim Brotherhood which Khatîb supports