
L'Inde de 1919 à 1941 : nationalismes, « communalisme », prosélytisme et fondamentalisme1
Author(s) -
Marc Gaborieau
Publication year - 2002
Publication title -
revue du monde musulman et de la méditerranée/revue des mondes musulmans et de la méditerranée
Language(s) - French
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.132
H-Index - 4
eISSN - 2105-2271
pISSN - 0997-1327
DOI - 10.4000/remmm.229
Subject(s) - humanities , philosophy , ethnology , art , sociology
Durant l'entre-deux-guerres, se produisit la rupture définitive, sur le plan politique, entre hindous et musulmans, avec la revendication dès 1930 par le poète philosophe Iqbâl (1876-1938) d'un État séparé pour les musulmans, dont le nom (Pakistan) fut forgé dès 1935. Une rupture idéologique avait précédé ce divorce politique. La droite hindoue avait forgé dès 1923 la notion d' « hindouité » (hin-dutva) fondée sur un rejet de l'héritage de l'Inde médiévale musulmane, notamment moghole. Les musulmans ripostèrent avec Mawdûdî (1903-1979) qui, dans son premier livre de 1927, fit l'apologie du jihâd guerrier, cherchant à réhabiliter l'islam médiéval dans sa pureté et son agressivité. Ces écrits portaient en germe la jamâ'at-i Islâmî, organisation militante qui vit formellement le jour en 1941. La détérioration des relations entre les communautés religieuses alla de pair avec cette double rupture : cette confrontation est appelé « communalisme » en anglo-indien. Des organisations missionnaires prosélytes furent créées de part et d'autre, dont la Tablîghî Jamâ'at pour les musulmans en 1927