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Chants, blâmes et paroles scandaleuses : les kaɓɓitooji chez les Fulɓe du Borgou (Nord-Bénin)1
Author(s) -
Martine Guichard
Publication year - 2004
Publication title -
revue du monde musulman et de la méditerranée/revue des mondes musulmans et de la méditerranée
Language(s) - English
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.132
H-Index - 4
eISSN - 2105-2271
pISSN - 0997-1327
DOI - 10.4000/remmm.1205
Subject(s) - humanities , political science , art
Cet article traite des sanctions collectives prises ou pouvant être prises contre des injurieurs dans la société fulɓe du Nord-Bénin. Le châtiment auquel il sera accordé le plus d’attention a pour caractéristique de n’être infligé qu’à des membres de certaines catégories sociales. Il s’agit d’une part, d’un châtiment qui ne peut être requis que par des jeunes hommes et, d’autre part, d’une sanction qui prend dans un premier temps la forme de chants inspirant une grande crainte à leurs destinataires potentiels, les femmes et les aînés sociaux. Les implications négatives de ces chants dissuadent effectivement nombre d’entre eux de défendre leur point de vue énergiquement et d’entrer ouvertement en conflit avec les jeunes hommes. Grâce aux chants de blâme dont ils ont le privilège, ces derniers s’avèrent particulièrement capables de structurer les actions d’autrui. Cette capacité est, comme nous le suggérerons dans cette contribution, ancrée dans la division socio-sexuée des émotions et nourrie par la masculinisation du droit à la colère. This article deals with collective sanctions imposed on or threatened to offenders who have expressed disagreement and hostility by verbally insulting their opponents. The focus will be on a kind of punishment that can only be inflicted on the members of certain social categories within the Fulɓe society of northern Benin. This punishment, which is normally imposed at the request of young men and which takes initially the form of songs, inspires a great fear in their potential addressees, namely women and elders. The negative implications of such songs effectively discourage many of them from defending strongly their position and from getting into heated altercations with young men. Because the latter have the privilege of songs of blame, they are particularly able to structure other people’s actions. As will be suggested in this contribution, this ability is rooted in the socio-sexual division of emotions and nourished by the masculinization of the right to anger