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Plutarque, Sur l' E de Delphes 390 B 6-8 et l'explication de la vision en Timée 45 b-d*
Author(s) -
Alain Lernould
Publication year - 2005
Publication title -
methodos
Language(s) - English
Resource type - Journals
eISSN - 1769-7379
pISSN - 1626-0600
DOI - 10.4000/methodos.449
Subject(s) - humanities , philosophy
Le traité (ou dialogue) « pythique » du platonicien Plutarque de Chéronée (Iier – IIe s. ap. J.-C.) intitulé Sur l’E de Delphes est consacré à l’élucidation de la signification de l’E (la cinquième lettre de l’alphabet grec) consacré à Apollon Pythien. Une des interprétations (d’inspiration pythagoricienne) est que cet E désigne le nombre cinq, le nombre de l’univers. Dans le cadre de l’exposé de cette interprétation est fait état de l’opinion « de certains » selon laquelle il existe une correspondance entre les cinq sens et les cinq éléments. L’A. montre que les deux lignes où il est question de la vue (E 390b6-8) s’inspirent essentiellement de l’explication qu’en Timée 45b-d Platon donne du mécanisme de la vision en termes de mélange du feu pur émis par l’œil avec le feu pur extérieur qui produit la lumière du jour. L’extrême brièveté de ce résumé (empreint d’aristotélisme, l’élément associé à la vue étant ici l’éther considéré comme cinquième corps), d’un passage dans Platon offrant lui-même bon nombre de difficultés, explique que ces deux lignes énigmatiques n’aient jamais été bien comprises. Au passage, l’A. revient sur les notions d’homoiopatheia (d’homogénéité) et de summetria (de commensurabilité) en Timée 45b-d et 67c-e pour en proposer une interprétation qui souligne et éclaire d’un jour nouveau le caractère dynamique de l’explication platonicienne de la vision. Un Appendice donne un aperçu des différentes lectures d’E 390b6-8 depuis les premières éditions imprimées à la Renaissance jusqu’aux éditions critiques des 19e et 20e siècles. The essay (or dialogue) On the E at Delphi of the Platonist Plutarch of Chaeronea (c. 50 – c. 125 A.D.) is devoted to the elucidation of the mysterious E – the fifth letter of the Greek alphabet – that is dedicated to Apollo. According to one interpretation the E is, in a Pythagorean manner, meant to be the number five, i.e., the number of the universe. In this context is mentioned a theory espoused by 'some people' who claim that there is a correspondence between the five senses and the five primal elements. In this paper an attempt is made at showing that the two lines about vision (De E 390b6-8) are influenced by Timaeus 45b-d, a passage where Plato explains the mechanism of vision by referring to a coalescence of the visual current (or ray) with the external daylight. However, the short passage in Plutarch is not at all a piece of orthodox Platonism, given the assimilation of the Aristotelian aether with the Platonic pure external fire. In any case the extreme brevity of this summary of a Platonic passage that is itself fraught with difficulties is responsible for the fact that these two enigmatic lines have never been correctly understood. The notions of homoiopatheia (homogeneity) and summetria (commensurability) in Timaeus 45b-d et 67c-e are also treated in this paper and an interpretation of these terms is proposed which stresses the dynamical character of Plato’s theory of vision. Finally, an Appendix outlines the history of the different readings of De E 390b6-8 from the Renaissance up to the standard critical editions of the 19th and 20th centuries