
Adam Smith et les passions musicales
Author(s) -
Marc Parmentier
Publication year - 2012
Publication title -
methodos
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 1769-7379
pISSN - 1626-0600
DOI - 10.4000/methodos.2905
Subject(s) - passions , humanities , philosophy , art , theology
Dans sa Théorie des sentiments moraux (1759), Adam Smith classe les passions en trois catégories : passions sociales, asociales, égoïstes. Cette classification résulte directement de leur capacité à susciter ou non la sympathie. Les passions sociales apparaissent ainsi comme les plus propres à susciter un écho sympathique. La question à laquelle tente de répondre l'article est de savoir pourquoi ces mêmes passions sociales sont qualifiées par A. Smith de « naturellement musicales ». L'utilisation du concept de sympathie dans le domaine musical est fréquente aux XVIIème et XVIIIème siècles, mais l'hypothèse avancée ici est que le lien est plus profond chez A. Smith. La sympathie met en effet en évidence une qualité d'ordre à la fois esthétique et morale inhérente à certaines passions, leur « convenance » (propriety) par opposition aux passions « discordantes ». Ces passions, produisant une superposition d'échos sympathiques comparables aux harmoniques d'un ton fondamental, sont les plus susceptibles d'être imitées par la musique, si l'on tient compte de la théorie esthétique originale formulée par A. Smith, pour qui la beauté des arts imitatifs ne tient pas à l'illusion mais au contraire à l'écart entre l'imitation et son objet. In his Theory of Moral Sentiments, Adam Smith distinguishes three types of passions: social passions, unsocial passions and selfish passions. This classification relies on their capacity to evoke sympathy. Social passions are the most apt to arouse a sympathetic echo in their observers. This article tries to answer the question why A. Smith describes social passions as « naturally musical ». In 17th and 18th centuries sympathy is often mentioned in connection with musical topics, but the link established by A. Smith is more profound. In fact, sympathy reveals an esthetic and moral quality of « convenient », vs « discordant », passions. These passions, that produce a superimposition of agreeable echoes in the same way as a fundamental tone is expanded in a series of harmonics, can therefore be easily imitated musically, especially vocally. Indeed, in his aesthetics, Smith declares that the beauty of imitative arts does not rely on an exact resemblance but on the disparity between « the object imitating, and the object imitated »