
Essences et lois d’essence dans l’eidétique descriptive de Edmund Husserl
Author(s) -
Rochus Sowa
Publication year - 2009
Publication title -
methodos
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 1769-7379
pISSN - 1626-0600
DOI - 10.4000/methodos.2214
Subject(s) - philosophy , humanities
L’une des tâches de la phénoménologie transcendantale, que Husserl lui-même définit comme une science éidétique des phénomènes transcendentalement réduits, est de découvrir des lois a priori matérielles d’un type spécial : des lois éidétiques descriptives établies sur la base de concepts descriptifs purs. Cet article s’attache d’abord à préciser la notion husserlienne d’essence au le sens large, définie comme une fonction d’état-de-choses (Sachverhaltsfunktion) ; une telle fonction noématique est le corrélat « objectif » de cette fonction propositionnelle que nous appelons « concept » et qui est une partie de la proposition, c’est-à-dire de la visée-d’état-de-choses (Sachverhaltsmeinung) par laquelle on projette un état-de-choses. En revanche, par essences au sens étroit ou strict on entend ces essences pures que Husserl appelle « Eide ». Le concept d’essence pure propre à l’éidétique descriptive phénoménologique est ainsi clarifié par une explication de la notion husserlienne de « concept descriptif pure », dans le but de montrer comment ces concepts, qui sont des pures concepts de types, se distinguent des concept descriptifs impures, et notamment des concepts dénotant des genres naturels. Fondées exclusivement sur des concepts descriptifs purs, les lois éidétiques descriptives (Wesensgesetze) possèdent des conditions de vérités particulières et nécessitent de modalités d’examen tout autant spécifiques. La place propre à la méthode appelée « variation éidétique » est justement celle de examiner, falsifier ou justifier des lois éidétiques descriptives présumées. A partir de cas exemplaires d’états-de-choses familiers confirmant les lois présumées, la variation libre, qui opère dans la pure imagination, a pour tâche de construire des contre-exemples possibles dont le but est de falsifier la loi éidétique présumée. La propriété d’être falsifiable par des contre-exemples construits dans la pure imagination permet de distinguer les lois empiriques des lois éidétiques descriptives de l’éidétique husserlienne. La possibilité de falsifier par des contre-exemples fictionnels ou factuels montre que la phénoménologie transcendantale est une entreprise scientifique ouverte à l’examen intersubjectif, et cela justement en raison de son caractère éidétique Husserl’s transcendental phenomenology which he characterized as an eidetic science of transcendentally reduced phenomena aims at least at material-apriori laws of a special kind, namely eidetic descriptive laws built up from pure descriptive concepts. The paper explicates Husserl’s notion of essence in the broad sense as a state-of-affairs-function (Sachverhaltsfunktion) ; this noematic function is the objective “correlate” of the propositional function which we call a “concept” and which is part of the proposition, i.e. the state-of affairs-meaning (Sachverhaltsmeinung), in which a state of affairs is projected. Essences in the narrow or pregnant sense are pure essences which Husserl named “Eidé”. The concept of pure essence relevant for the phenomenological descriptive eidetics is elucidated through the explication of Husserl’s notion of a pure descriptive concept, so as to show how these concepts, which are pure type concepts, differ from impure descriptive concepts, especially from concepts denoting natural kinds. Grounded exclusively in pure descriptive concepts, the eidetic descriptive laws (Wesensgesetze) have special truth conditions and a need for special ways of examination. The proper place of the method called “eidetic variation” is the examination, falsification or justification of presumed eidetic descriptive laws. Starting from familiar exemplary cases of states of affairs which confirm the presumed law, the free variation, which operates in pure fantasy, has the task of constructing possible counterexamples to falsify the presumed eidetic law. The property of being falsifiable by counterexamples constructed in pure fantasy allows for a distinction between empirical laws and the eidetic descriptive laws of Husserlian eidetics. The falsifiability by fictional and factual counterexamples shows that Husserl’s transcendental phenomenology is a scientific enterprise open to intersubjective examination precisely due to its eidetic character