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Jane Eyre entre les deux guerres
Author(s) -
Patsy Stoneman
Publication year - 2009
Publication title -
lisa
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 1762-6153
DOI - 10.4000/lisa.843
Subject(s) - humanities , art
L’un des héritages que Charlotte Brontë laissa derrière elle avec son roman Jane Eyre, c’est une trame qui fut indéfiniment recyclée dans le roman féminin. Une femme jeune, isolée et désargentée rencontre un homme plus riche et plus âgé qu’elle, au tempérament morose et au passé mystérieux dans lequel se trouve une épouse démente et mauvaise. Dans le monde de Charlotte Brontë, la société offre peu d’alternatives au mariage pour une femme qui ne peut compter que sur elle-même pour subvenir à ses besoins, et même le dénouement tranché de Jane Eyre n’est qu’une version plus égalitaire du mariage traditionnel. Sa structure triangulaire, toutefois, s’est avérée fertile pour les écrivains qui examinèrent les relations hommes/femmes dans des époques sociales ultérieures. Dans l’Angleterre d’entre-deux-guerres, les femmes de la classe moyenne étaient, comme le formule Virginia Woolf, « on the bridge » entre la maison privée et le monde professionnel. La plupart des obstacles légaux qui leur barraient l’accès à l’instruction et à l’emploi disparaissaient, mais l’éthos de la domesticité imprimait encore sa marque sur les attentes émotionnelles des femmes. Dans cet article, j’examine quatre romans qui utilisent l’intrigue de Jane Eyre afin de tracer les contours des possibilités qui s’offraient aux femmes à cette époque. Il s’agit de Vera d’Elizabeth von Arnim (1921), The Weather in the Streets de Rosamond Lehmann (1936), South Riding de Winifred Holtby (1936) et Rebecca de Daphne du Maurier (1938). La distinction que Tania Modleski dresse entre la romance (‘romance’) – dans laquelle la peur ou le dégoût initial de l’héroïne pour le héros se transforme en amour – et le gothique (‘gothic’) – où le processus est inverse – souligne que ces romans modernes ne peuvent envisager autre chose qu’un dénouement gothique à une situation à l’origine romantique. Le seul de ces quatre romans à se terminer sur une note d’espoir est South Riding, dont la réponse passe par le sacrifice radical de l’amour

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