
L’évolution de l’affirmative action aux États-Unis sous la présidence de George W. Bush
Author(s) -
Marie-Christine Pauwels
Publication year - 2010
Publication title -
lisa
Language(s) - English
Resource type - Journals
ISSN - 1762-6153
DOI - 10.4000/lisa.3385
Subject(s) - humanities , affirmative action , political science , philosophy , law
L’offensive contre l’affirmative action engagée depuis les années 1980 s’est accrue pendant les deux mandats de la présidence Bush, et l’opinion publique s’est radicalisée, percevant désormais de plus en plus fréquemment ces programmes comme une série d’avantages indûment octroyés à un certain nombre de « privilégiés ». Tout programme d’affirmative action doit désormais être étayé par des disparity studies démontrant la réalité de la discrimination, et seules des mesures très ciblées (narrowly tailored) sont autorisées pour y remédier. La charge de la preuve a été en quelque sorte inversée. Mais contrairement aux idées reçues, l’affirmative action n’est pas sur le point de disparaître aux États-Unis et malgré son hostilité de principe, le gouvernement Bush n’a pris aucune mesure concrète pour démanteler ces programmes. L’affirmative action connaît aujourd’hui plusieurs transformations majeures, l’évolution la plus marquante étant l’effacement du critère ethno-racial au profit de critères plus neutres et moins idéologiquement polarisants, essentiellement d’ordre géographique et territorial. Dans l’enseignement supérieur par exemple, des procédures d’admission codées ont vu le jour pour favoriser l’accès des minorités ethniques sous-représentées aux campus d’élite, et diverses stratégies de contournement ont été mises en place dans l’adjudication des marchés publics. Ces transformations sont également intéressantes à analyser d’un point de vue transnational, puisque l’on observe une convergence croissante avec le modèle français de discrimination positive, lui aussi fondé sur le camouflage et l’euphémisation de l’identité ethno-raciale et sur une logique de territoire. This article examines the fate of affirmative action in the United States during the eight years of the Bush administration. After a brief reminder of the major landmarks which have curbed and narrowed affirmative action over the past twenty years and seen its legitimacy questioned, a new perspective will be given on the backlash many of these programs are currently experiencing. While many affirmative action measures have indeed been scaled back since the Reagan years, new, innovative strategies are emerging today to protect equal opportunity in public contracting, education and employment. These strategies are based on playing down race and ethnicity, enhancing instead more neutral criteria such as geography and residence. In education, for example, several states have adopted “percentage plans”, which call for colleges and universities to admit the top students of each high school class, regardless of their race or ethnicity. On flagship campuses, admissions policies which indirectly target under-represented minority groups have been imagined. And similar roundabout policies in which race is implicitly targeted yet never mentioned as such have been increasing in the field of public contracting. The SBA HUBZone program that promotes economic development in distressed neighborhoods by providing access to more federal contracting opportunities is a good example. These transformations are also interesting to analyse from a transnational perspective and a comparison with the French model of affirmative action, which is both geographically-targeted and geared toward playing down the visibility of race and ethnicity, will be made