
Le syndicalisme américain pendant les années Bush
Author(s) -
Gerald Friedman
Publication year - 2010
Publication title -
lisa
Language(s) - English
Resource type - Journals
ISSN - 1762-6153
DOI - 10.4000/lisa.3367
Subject(s) - politics , political science , administration (probate law) , state (computer science) , american exceptionalism , democracy , politics of the united states , political economy , exceptionalism , economic history , law , sociology , economics , algorithm , computer science
For a century, scholars and labor movement activists have debated the question of “American Exceptionalism,” or the distinctive nature of the labor movement in the United States. The weakness of American unions, especially their lack of members, has been attributed to distinctive features of American society, notably the hostility of the American government towards unions. Those who accept this Exceptionalist view have urged unions in the United States to become more active politically in order to strengthen their position. Since 1980, unions have followed this advice and have doubled their political spending. Most of the unions’ political activity and spending has been in support of candidates of the Democratic Party; but unions have received little in return from Democrats, even during the Clinton Administration. Indeed, during the administration of George W. Bush, union membership fell at almost exactly the same rate as before notwithstanding the Bush Administration’s open hostility towards unions and its attempt to use state power against unions in both the private and public sectors. In fact, over the last decades, we may be seeing the end of Exceptionalism. Since 1990, union membership decline has been slower in the United States than in most other OECD member states, despite a relatively hostile political and legal regime. Combined with the negligible effect of the Bush Administration on American unions, this suggests that union weakness in the United States is not due to exceptional features of the United States but to characteristics it shares with other countries. Throughout the affluent world, the idea of the labor movement has lost its tie to the broader democratic aspirations. In America and elsewhere, union revival depends on more than some incremental legal changes or political victories. It depends on the revival of the formative ideals of the labor movement, equality, fraternity, and the struggle for free and democratic work. Depuis un siècle, l’« exceptionnalisme américain » ou la spécificité du mouvement ouvrier aux États-Unis, est objet de débats entre spécialistes du mouvement ouvrier et syndicalistes. La faiblesse des syndicats américains, en particulier en termes de nombre d’adhérents, est imputée aux particularités de la société américaine, et notamment à l’hostilité des pouvoirs publics à leur égard. En conséquence, les syndicats ont été encouragés à développer l’action politique pour renforcer leur pouvoir. Depuis les années 1980, ils ont ainsi doublé leurs dons aux partis politiques, le parti démocrate étant le principal bénéficiaire de cette générosité. Ils n’ont cependant pratiquement rien reçu en échange des démocrates, même sous l’administration Clinton. Plus étrange encore, sous l’administration de George W. Bush, le déclin des syndicats s’est poursuivi pratiquement au même rythme qu’avant, même s’ils avaient en face d’eux un gouvernement hostile qui tentait d’utiliser contre eux les pouvoirs que lui conféraient les institutions, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. En fait, on assiste peut-être depuis une trentaine d’années à la fin de l’exceptionnalisme américain. Le déclin du syndicalisme a été moins prononcé aux États-Unis que dans la plupart des pays de l’OCDE, même s’il a dû faire face à un régime politique et juridique qui lui était plus défavorable, mais dont l’action s’est finalement soldée par des effets modestes. Ceci permet de penser que le déclin syndical résulte non d’une spécificité proprement américaine mais de caractéristiques que les États-Unis ont en commun avec d’autres pays. Dans l’ensemble du monde développé, les syndicats, et même l’idée du syndicalisme, ont perdu leur lien avec l’idéal démocratique. Aux Etats-Unis, comme ailleurs, leur renaissance sera conditionnée par autre chose que des victoires politiques ou une modification progressive du cadre juridique. Elle dépendra de la renaissance des idéaux sur lesquels s’est construit, à l’origine, le mouvement ouvrier : égalité, fraternité et lutte pour promouvoir la liberté et la démocratie au travail