
“Dissociating Form and Meaning in Bilingual Creative Writing and Creative Translation Workshops”
Author(s) -
Sara Greaves,
Marie-Laure Schultze
Publication year - 2012
Publication title -
e-rea
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 1638-1718
DOI - 10.4000/erea.2601
Subject(s) - humanities , philosophy , art , sociology
Cet article tente de répondre à la question suivante : en quoi le principe de dissociation de la forme et du sens est pertinent dans le cadre d’une didactique des langues étrangères basée sur la création, telle qu’elle peut être mise en œuvre dans des ateliers d’écriture de création bilingues et de traduction créatrice. Un enseignant de langue est rapidement confronté à la question de la correction et de la conformité aux règles. Comme lieux d’appropriation personnelle de la langue dite étrangère, nos ateliers prennent de front la problématique de La Norme. A cet effet, nous ne faisons qu’une présentation succincte de notre appareil théorique (lequel inclut les analyses de Bettelheim et utilisations par Lafforgue du conte comme mode indirect d’expression) ; les étudiants entrent dans le vif de la création au moyen d’esquisses d’intrigues qu’ils viennent habiter au moyen de leurs propres inventions et significations. Ces « intrigues » sont conçues autour d’une nécessité commune : permettre à chacun de se débattre, dans les deux sens du terme, avec les questions que pose tout apprentissage vivant de la langue « étrangère » : les questions de l’intimité et de l’anonymat, du reconnaissable / méconnaissable / inconnu. Aussi les langues – anglaise, française, et en filigrane toutes celles que les étudiants rapportent de leur environnement personnel – sont-elles désarticulées, puis assemblées différemment : notre pratique pédagogique, en apparence paradoxale, vise à défaire plutôt qu’à étayer les habitudes monolingues. L’opinion courante, qu’un nombre croissant de pédagogues s’appliquent à dénoncer, selon laquelle il faut apprendre la correction d’abord avant de pouvoir espérer créer, est prise à revers. Aussi nos ateliers intègrent-ils également une réflexion sur l’évolution de l’anglais dans le monde – une étude des World Englishes montre que nombre d’innovations linguistiques sont d’abord perçues comme des fautes ou manquements … avant de passer dans l’usage. Un autre pan de la réflexion ne peut alors que concerner l’ego du pédagogue : face aux écrits de ses étudiants, il est lui-même amené à opérer une dissociation, voire une dislocation, de ses habitudes mentales. Il se confronte notamment à un questionnement délicat de sa posture : comment être enseignant tout en ayant un devoir d’accueil des productions des étudiants dont il se trouve … lecteur. Il cherchera alors des pistes du côté de la critique postcoloniale, laquelle témoigne de ce que les erreurs de toutes sortes sont également des marqueurs de différence. This article considers the various ways in which the principle of a disjunction between form and meaning can be applied to creative language teaching, as practised in our bilingual creative writing and creative translation workshops. While traditionally, language teaching is much concerned with conforming to rules and norms, here we try to provide a space in which the onus is on enhancing a personal appropriation of language. To this end, our theoretical foundations (Bettelheim and Lafforgue’s approach to fairy-tales as an indirect mode of expression) are only partially presented, and students are provided with bare plots to be filled with their own fictions or meaning. These ‘plots’ are designed to allow a creative engagement with the dynamics inherent in language, between intimacy and anonymity, familiarity and otherness, and thus to explore questions of identity. Similarly, language can be dismantled and reassembled afresh, in an apparently paradoxical pedagogy based on breaking, rather than making, monolingual linguistic habits. This contradicts the doxa according to which learning the rules comes first, any creativity later, and which we are not the only ones to believe unfounded. The study of New Englishes is also revealing in this light, with creativity often being looked upon as error. Naturally some self-reflexive dislocating of form and meaning has to be undertaken by the teachers, who may wonder “who” they should be – teachers or readers of creative fiction – when faced with their students’ productions. Indeed, postcolonial criticism invites us to consider spelling and grammar mistakes not as errors only, but as factors of difference