Localités et historiographie. Le débat sur l'histoire de Sanremo au xviiie siècle

Ce travail est centré sur un cas, celui qui oppose au xviiie siècle le gouvernement de la République de Gênes à une des communautés de son territoire, Sanremo. Le conflit commence en 1729 avec la résistance de Sanremo à l'extension des certaines lois générales pour le commerce, et après 1753 se développe sur le plan international, avec des très fortes répercussions dans les relations diplomatiques entre la République et les cours européennes. Le conflit met en pleine lumière les stratégies de revendication impériale avancées par une partie des représentants de la communauté de Sanremo, avec l’aide de certains fonctionnaires impériaux, depuis longtemps défenseurs de la supériorité impériale sur toute la République.Ce cas est l’objet d'une intense production historico-juridique qui prend l’aspect d’un très grand nombre d'œuvres imprimées et manuscrites. Cette production offre une interprétation de l'histoire des rapports entre les deux villes où les éclaircissements juridictionnelles se mélangent à la revendication d'une identité historique et d'une légitimation politique locales.De telles controverses sont, en effet, des lieux d’observations stratégiques pour mesurer de quelle façon l'initiative locale se rencontre et conditionne la redéfinition des catégories politiques, juridiques et économiques (ce qui souligne l'importance stratégique de la lecture et de l'interprétation d'un fait à l'échelle analytique locale). Le recours à la contextualisation, à l'archive, permet de mieux saisir le complexe rapport entre la formalisation des oeuvres d'imprimerie et l’« agir » concret des parties adverses, et montre les dynamiques du litige qui, si l’on en restait à un point de vue général, seraient difficilement perceptibles.Ainsi, à partir de certaines données des archives, il est possible de comprendre clairement les moments et les façons par lesquels cette « imperialità » de Sanremo est inventée et construite, et comment, de la part des génois on s'oppose à cette lecture du passé, sans empêcher cependant la création d'une véritable chaîne de références et de légitimations (une « chaîne bibliographique ») qui a permis à des reconstructions déformées, sinon entièrement inventées, de trouver un terrain fertile dans l'historiographie à venir, jusqu'à aujourd'hui. This work is focused on a case, the one which oppose in the 18th century the government of the Republic of Genoa to a community of its territory, Sanremo. The conflict starts in 1729, from the resistance of Sanremo to the extension of certain general laws for the commerce, and after 1753 it develops itself on the international plan, with very strong rebounds in the diplomatic relationships between the Republic and the European courts. The case sheds light on the strategy of the imperial claim advanced by a part of the representative of the Sanremo community, who finds collaboration among certain imperial officials, long-time defenders of the reason and the imperial superiority over all the Republic.The case arises an intense historical and juridical production which concretises itself in a great number of printed and written works. It offers an interpretation of history of relationships between the two towns, where the juridictional clarifications shuffle with the claim for an historical identity and a local political legitimization.Controversies similar to those are indeed strategic observer to measure in which way the local initiative meets and conditions the redefining of the political, juridical and economic categories (and this sends back to the strategic importance of reading and interpretation of a fact in a local, analytical scale). The recourse to the contextualisation, in the archive, allow to catch in a better way the complex relationship between the formalization of the printing works and the concrete action of the opposite parties, and to show the dynamics of the litigation which, in a general point of view, are hardly perceptible. Starting from certain archive references makes it effectively possible to catch clearly the moments and the ways by means of which this ‘imperialità’ of Sanremo was invented and built, and how the Genoese side opposed itself to this reading of the past, without however preventing the creation of a real chain of references and of legitimation (a ‘bibliographic chain’) which allowed some deformed reconstructions, if not entirely invented, to find some fertile land in historiography