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Sur la mer primordiale des deux rivages, Ys et Carthage, du mythe de la ville engloutie à l’émergence de la Mère des profondeurs
Author(s) -
Ôphélia Claudel
Publication year - 2014
Publication title -
babel
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 1277-7897
DOI - 10.4000/babel.3714
Subject(s) - humanities , art , philosophy
International audienceLe rapprochement de deux cités que tout oppose ne va pas de soi. Ys et Carthage, sur les rives éloignées de la Méditerranée et de l’Atlantique, nourries de traditions différentes et dont le rapport au réel tient tantôt à la légende, tantôt à l’histoire, s’agrègent pourtant au relief de la mer, élément physique et symbolique qui, au contact de la fiction, réhabilite un mythe commun, un mythe ici entendu au sens platonicien, celui d’une fiction narrative contenant une vérité complexe, non formulable abstraitement par la raison, mais que le texte narratif – ici le récit de Georges-Gustave Toudouze, Les Derniers Jours de la ville d’Ys, et le roman de Flaubert, Salammbô –, parvient à faire émerger. Cette vérité ambiguë éclabousse les forces de l’imagination toujours charriées au contact de la mer par le mystère du principe féminin, emprisonné dans une logique de possession dans son corps – symbolisé par la ville qui finit détruite ou engloutie – et qui cherche à retrouver sa souveraineté d’être dépossédé, inhérent à toute transcendance indomptable comme cet espace tumultueux, infini et abyssal que représentent les forces à l’œuvre dans l’élément maritime. L’imagination devient alors le lieu de rejaillissement d’une quête des origines, mythe modernisé d’un plus ancien mythe cosmogonique qui restitue sa souveraineté et sa transcendance au féminin, à celle qui contient en son sein les possibilités de la création et du néant. La mer représente alors l’élément agglomérant qui fertilise l’imagination et par lequel le texte vibre de ce principe féminin double, ravivant dans les couches inconscientes une attente, ondoyant entre fascination et répulsion. Ainsi l’on montrera comment l’imagination rapproche la Méditerranée de l’océan, car la présence de la mer, élément féminin par excellence selon Bachelard, offre des résurgences mythiques avec la Mère primordiale