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La thèse du « génocide indien » : guerre de position entre science et mémoire
Author(s) -
Frédéric Dorel
Publication year - 2006
Publication title -
@mnis
Language(s) - Spanish
Resource type - Journals
ISSN - 1764-7193
DOI - 10.4000/amnis.908
Subject(s) - humanities , political science , art
Nombreuses sont les sources qui usent de l’expression « génocide indien » pour qualifier la destruction des populations indigènes du continent américain depuis l’arrivée des Européens. Or il s’avère que les massacres des populations amérindiennes ne sont pas à ce jour officiellement recensés parmi les génocides identifiés par l’Organisation des Nations Unies. Beaucoup s’indignent vivement devant cette injustice, d’autres justifient cette situation par une analyse moins strictement émotionnelle des étapes de la disparition des populations. Nous assistons ici à l’opposition entre deux visions de l’histoire, deux utilisations du passé. La première trouve une justification morale dans le devoir de mémoire et dans la loi (la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression des crimes de génocide de 1948) ; la seconde trouve une argumentation scientifique dans une vision ethnologique selon laquelle s’il y a eu incontestablement crime contre l’humanité à l’égard des populations indigènes d’Amérique, on peut néanmoins y voir, au-delà de la prise en compte de la souffrance des victimes, des méthodes relevant davantage de l’ordre de l’ethnocide que du génocide. La différence entre ces deux derniers concepts se situe non pas dans le nombre de victimes - incalculable dans les deux cas - ni dans l’objectif ultime – identique - mais dans les moyens. Si le terme de « génocide » définit la destruction physique des peuples, celui d’« ethnocide » décrit pour sa part la destruction des différences culturelles, « la dissolution du multiple dans l’Un », comme l’indique Pierre Clastres. Cet article propose d’explorer les arguments utilisés dans cette controverse en tentant de démêler ce qui relève de la recherche légitime d’une reconnaissance juridique de la souffrance et de la mémoire, de ce qui relève tout aussi légitimement d’une analyse scientifique et historique des événements. Son numerosas las fuentes que utilizan la expresión «genocidio de los indios» para calificar la destrucción de la población indígena en el continente americano desde la llegada de los europeos. Ahora bien, debemos constatar que hasta hoy las masacres de los pueblos amerindios no han sido oficialmente catalogadas entre los genocidios identificados por la O.N.U. Numerosas son las personas que se indignan ante tal injusticia, otros justifican esta situación mediante un análisis menos emocional de las etapas de la desaparición de las poblaciones. Asistimos a la oposición entre dos visiones de la historia, dos utilizaciones del pasado. La primera encuentra su justificación moral en el deber de memoria y en la ley (Convenio de la O.N.U. sobre la prevención y la represión de los crímenes de genocidio de 1948); la segunda encuentra su argumentación científica en una visión etnológica según la cual, si verdaderamente ha habido crimen contra la humanidad sobre los pueblos indígenas de América, se puede, sin embrago, observar más allá del sufrimiento de las víctimas, métodos más próximos del etnocidio que del genocidio. La diferencia entre estos dos conceptos no radica ni en el número de víctimas – incalculable en ambos casos – ni en el objetivo final que es idéntico, sino en los medios empleados. Si el término «genocidio» define la destrucción física de los pueblos, el de «etnocidio» describe la destrucción de las diferencias culturales, «la disolución del múltiple en la unidad», tal y como indica Pierre Castres. Este artículo se propone explorar los argumentos utilizados en esta controversia intentando aclarar lo que emana de la búsqueda legítima de un reconocimiento jurídico del sufrimiento y de la memoria así como lo que emana legítimamente de un análisis científico e histórico de los hechos. “Native American Genocide” and “Native American Holocaust” are expressions that are currently and widely used to define the destruction of the aboriginal populations of America after the arrival of the Europeans. But the numerous and various massacres of Native populations are not listed among the genocides officially acknowledged by the United Nations. Many observers strongly resent this as an injustice, others favour a less emotional analysis. Their debate reflects the conflict of two different visions of history, two opposite understandings of the past. One is justified by grief and memory; the other – more scientific and ethnological – explains that while crimes against humanity clearly occurred, the extinction of 90% of the pre-Columbian populations should more appropriately be termed ethnocide rather than genocide. The difference between both concepts stems neither from the number of victims – countless in both cases – no the final objective – identical, but rather in the elements destroyed. Destruction of the individuals on the one hand, destruction of the cultures on the other hand. The aim of this paper is to explore the main points of both sides of the debate, and to attempt to sort out the rightful legal recognition of memory from the rightful scientific and historical understanding of the events

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