
Révéler et démasquer
Author(s) -
FrançoisXavier Nérard
Publication year - 2004
Publication title -
@mnis
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 1764-7193
DOI - 10.4000/amnis.744
Subject(s) - humanities , art
Les journaux soviétiques dans l’URSS stalinienne ne sont pas de simples caisses de résonance des campagnes du pouvoir. Loin des premières pages, on y trouve aussi une place pour la dénonciation de certains travers du pays. Ces articles de journalistes ou ces lettres de lecteurs publiées ont un point commun, leur ton dénonciateur. Le vocabulaire y est souvent violent et accusateur. Ces textes expliquent en outre de manière quasi systématique le dysfonctionnement par la responsabilité individuelle. La dénonciation se fait ainsi très souvent délation. Cette mise en scène de l’expression du mécontentement ne laisse pas la population passive. Elle est appelée à participer, dès les années vingt, en écrivant dans les journaux puis en écrivant aux journaux. Ces lettres, extrêmement nombreuses, reprennent la forme popularisée par le pouvoir. Les Soviétiques, soumis à une propagande intense, mais également, dans un souci d’efficacité, reprennent ainsi les mots du pouvoir pour dire leurs maux. Le pouvoir n’apporte qu’une réponse partielle à ces lettres sans jamais se donner le moyen d’être efficace. Il semble que le détournement du mécontentement vers les individus, laissant le pouvoir politique à l’abri, lui suffise. Los periódicos soviéticos en la URSS estalinista no fueron únicamente un medio para transmitir la propaganda del poder. Lejos de las primeras páginas, encontramos también un lugar para la denuncia de los defectos del país. Esos artículos de periodistas o cartas de los lectores fueron escritos en un tono acusador, empleando un vocabulario violento. La denuncia se convirtió de esa manera en delación. En esta expresión del disgusto, la población no fue pasiva. A partir de los años veinte, se incitó a los individuos a participar, al principio escribiendo en los periódicos y después escribiendo a los periódicos. Los soviéticos, sometidos a una intensa propaganda, pero también para ser más eficaces, reutilizaron las palabras del poder para describir sus desgracias. El poder sólo contestó en parte a estas cartas. Se conformó con desviar el resentimiento hacia los individuos, dejando de paso el poder político fuera de alcance. The Soviet newspapers in the Stalinist USSR are not simple instruments, designated to enhance the campaigns of the power. Far from the first pages, one can also find a place for the denunciation of some of the problems of the country. These articles of journalists or these published letters of readers have a common point: their denouncing tone. The vocabulary is often violent and accusing. These texts point, most of the time, personal responsability to explain the dysfunction, denunciation thus being made very often denouncement. This staging of the expression of dissatisfaction does not leave the population passive. Starting in the Twenties, Soviet citizens are prompted to write in the newspapers then to write to the newspapers. These letters, extremely numerous, take the shape popularized by the Power: The Soviet people, subjected to an intense propaganda, but also, preoccupied with effectiveness, thus uses the words of the Power to say their anger. The Power brings only partial responses to these letters without really trying to be effective. The diversion of dissatisfaction towards individuals, leaving the political power within a shelter, sounds its first goal