
La propagande du rêve. Le discours de l’Ejército Zapatista de Liberación Nacional : pour une poétique de la résistance
Author(s) -
Nathalie Galland
Publication year - 2010
Publication title -
@mnis
Language(s) - Spanish
Resource type - Journals
ISSN - 1764-7193
DOI - 10.4000/amnis.436
Subject(s) - humanities , art
Si l’Ejército Zapatista de Liberación Nacional s’inscrit de fait dans la tradition des luttes révolutionnaires de l’Amérique latine, s’il hérite de l’histoire un souffle marxiste guévariste réinventé par un vaste imaginaire indigène, bientôt pourtant, comme il renonce aux balles, il renonce au discours dogmatique pour adopter une poétique singulière, prompte à s'abandonner au transport onirique. Et s’il y a bien propagande, une propagande fidèle à son armature étymologique de propagation, ce sera dès lors celle du rêve, une propagande des confins, débordant les frontières de ce que l'on nomme d'ordinaire politique. C'est que cet élan littéraire, éminemment conscient du pouvoir des mots, de la puissance de l’effraction onirique, véhicule éthéré de l’avènement d’un autre dire du monde, s'achemine inlassablement vers l'endroit de l'utopie, vers l'avènement d'un autre monde. De dissonance en dissidence, toutes deux matières de résistance, le discours devenu chant vagabond s'ouvre autrement sur le politique ; via la légitimité de la lutte, il projette un horizon : celui de la reconnaissance de la pluralité du monde, celui du passage à une démocratie pluri-culturelle. If the corpus of the texts constituted by the EjércitoZapatista de Liberación Nacional is rooted in the numerous revolutionary productions that Latin America has delivered, and, alongside it, in a Marxist Guevarist political field re-interpretated by a deep indigenous vision, we make the assumption that words incessantly bring it towards the dreamlike realm. If it is propaganda - linked to its etymological origin of “spreading”, it is a dream propaganda, engaging in the overflow, in the nonalignment of poetry, in the freedom of the spoken word, much more than dogmatic political discourse. With both memory and desire, dissonanceand dissidence, writing spreads itself out through the renovation of possible enunciations, leading to a utopian horizon. We propose to show how, by transfiguring the universe of speech, it presents a new sharing of sensibility, a new organization of the world that signals the transition to a pluricultural democracy. Si el Ejército Zapatista de Liberación Nacional se inscribe en la tradición de las luchas revolucionarias de América latina, si hereda de la historia un aliento marxista guevarista ampliado por un imaginario indígena reinterpretado sin cesar, pronto sin embargo renuncia al discurso dogmático para adoptar una poética singular, la que va ofreciéndose al transporte onírico. Y si de hecho bien se trata de propaganda, una propaganda etimológicamente sinónima de propagación, es una propaganda del sueño la que se siembra, exploradora de espacios lindantes, aficionada al desborde de las fronteras enunciativas y de la propria producción política. Este pálpito literario, consciente del poder de la efracción onírica, vehículo propicio al advenimiento de otro decir del mundo, se dirige hacia el lugar de la utopía, hacia el advenimiento de otro mundo. Disonancia y disidencia, carne de la resistencia por las palabras, cambian el discurso en canto vagabundo que se abre de otro modo sobre lo político. Via la legitimidad de la lucha, este canto proyecta un horizonte : el del reconocimiento de la pluralidad del mundo, el de otra transición a una democracia pluricultural