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Une « culture de guerre universitaire » ? L’expérience des professeurs de l’enseignement secondaire français mobilisés dans la Grande Guerre
Author(s) -
Matthieu Devigne
Publication year - 2011
Publication title -
@mnis
Language(s) - Spanish
Resource type - Journals
ISSN - 1764-7193
DOI - 10.4000/amnis.1387
Subject(s) - humanities , political science , philosophy , art
Cette contribution se propose d’étudier la culture de guerre dans la France de la Première Guerre mondiale en isolant un groupe de combattants d’après sa profession civile et sa culture universitaire. Cette approche à une échelle intermédiaire conduit à des observations plus générales que l’analyse d’œuvres de la littérature de tranchée, mais plus spécifiques que la prise en compte d’un large contingent d’officiers. Elle permet d’observer de quelles manières les mots d’ordre et les impératifs de la guerre, tels que tuer ou êtres tués, sont compris et assumés par les combattants, qui s’en servent d’instruments performatifs pour forger leurs raisons de « tenir ». Étudier la « culture de guerre » consiste ici à discerner les relations complexes entre l’expérience du feu et la culture civile des soldats. Pour être plus précis, ce travail explique comment le modeste contingent des professeurs de l’enseignement secondaire (un peu plus de 500 hommes, parmi lesquels Marc Bloch, Jules Isaac, Charles Delvert, et d’autres anciens élèves de l’École Normale Supérieure) ont employé leurs aptitudes intellectuelles et leurs références culturelles pour faire face au conflit, en acceptant et en rejetant tout autant les principes. This contribution aims to study War Culture in First World War France on the basis of a group of soldiers selected according to their civil profession and common academic background. This medium-scale approach leads to more general observations than the analysis of trench literature would, but it is more accurate than studying a large group of officers. This approach also makes it possible for me to explore how war orders and imperatives, such as killing or being killed, are understood and embraced by soldiers, who use them as performative tools contributing to build up their own reasons to “hold out”. Studying “War culture” thus means making sense of the complex relationships between the experience of fire and the civil culture of soldiers. More precisely, this paper explains how secondary school teachers (a contingent composed of little more than 500 men, among whom Marc Bloch, Jules Isaac, Charles Delvert and other former students of the Ecole Normale Supérieure) have employed their intellectual skills and cultural references to cope with the conflict, both accepting and rejecting some of its principles. Esta contribución estudia la cultura de guerra en Francia durante la Primera Guerra Mundial, escogiendo un grupo de soldados según su profesión civil y su cultura universitaria. Este enfoque en una escala intermediaria conduce a observaciones más amplias que el análisis de la literatura de las trincheras, pero a su vez más específicas que si estudiásemos una categoría más amplia de soldados. Permite explorar de qué manera las consignas y los imperativos de la guerra, como matar o ser matado, son entendidos y asumidos por los combatientes que los pueden utilizar como instrumentos performativos con el fin de forjar sus propios motivos para « aguantar ». Estudiar la « cultura de guerra » significa en este caso discernir las complejas relaciones entre la experiencia del fuego y la cultura civil de los soldados. Más precisamente, este trabajo explica cómo el modesto contingente de los profesores de la enseñanza secundaria (un poco más de 500 hombres, entre los cuales figuran Marc Bloch, Jules Isaac, Charles Delvert e otros ex-estudiantes de la Escuela Normal Superior) ha empleado sus capacidades intelectuales y sus referencias culturales para enfrentarse al conflicto, aceptando o rechazando sus principios