
Investir un territoire de frontière : le culte des Matronae dans la Civitas Ubiorum en Germanie Inférieure
Author(s) -
Audrey Ferlut
Publication year - 2021
Publication title -
frontière·s
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 2534-7535
DOI - 10.35562/frontieres.646
Subject(s) - art
Les Éburons, anéantis par César en 53 av. J.‑C., sont progressivement remplacés par des peuples germaniques venus de l’autre rive du Rhin. Parmi eux, les Ubiens. Arrivés par vagues à partir de 38 av. J.‑C., ils construisirent dans la zone frontière de l’Empire de nouvelles structures politiques, sociales et de nouvelles pratiques religieuses au fur et à mesure de leur intégration à la romanité. Parmi les cultes de la Civitas Ubiorum ainsi créée, le culte des Matronae, concentré à l’est de la cité, a pris une place centrale et a dominé la province. Les militaires et les élites ont joué un rôle central dans ce processus de circulation du culte, de même que d’autres groupes sociaux, insérés dans des curiae, qui sont devenues progressivement des institutions de la cité.Né dans les communautés rurales au ier s. apr. J.‑C. avant d’atteindre les colonies romaines à la fin de ce siècle, le culte des Matronae a investi la région frontière selon un double schéma : des cultes très localisés à certaines Matronae dans des sanctuaires de petites tailles qui ont parfois révélé un nombre significatif d’inscriptions et un culte aux Matronae Aufaniae d’envergure provinciale qui s’est diffusé depuis Bonn et Cologne. À travers ce processus, les Matronae sont devenues les déesses les plus révérées de la Germanie Inférieure, sans qu’aucun autre culte ne les ait jamais égalées.