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La Revue moderne, creuset de la littérature en régime médiatique dans les années 1950 au Québec
Author(s) -
Adrien Rannaud
Publication year - 2019
Publication title -
papers of the bibliographical society of canada
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 2562-8941
pISSN - 0067-6896
DOI - 10.33137/pbsc.v55i2.32290
Subject(s) - humanities , political science , art
En 1923, Édouard Garand fonde à Montréal une maison d’édition destinée à promouvoir la littérature canadienne au sein de la classe populaire et francophone à travers le pays. Gérard Malchelosse, membre du comité éditorial, dira à propos des visées de l’entreprise qu’elle promeut «une édition canadienne de Romans canadiens, écrits pour des Canadiens par des Canadiens et imprimés au Canada par des Canadiens. C’est une entreprise nationale destinée à fournir un stimulant de patriotisme, tout en aidant les auteurs de chez nous en propageant leurs ouvrages». Bien que cet ancrage résolument nationaliste pourrait laisser croire que les Éditions Édouard Garand s’adressent exclusivement à un public local, l’étude de la distribution de la collection « Le Roman canadien » nous informe sur ses réseaux commerciaux de distribution particulièrement étendus : au premier temps de ce rayonnement extérieur se trouvent les villes des colonies françaises et britanniques, ainsi que l’Amérique, depuis New York jusqu’à Buenos Aires. L’article propose d’étudier ces réseaux en regard de leurs positionnements coloniaux, politiques et marchands, tout en mettant en contexte ce rayonnement par rapport aux activités d’exportation de livres canadiens de l’époque. L’étude des documents du Fonds Édouard-Garand (Université de Montréal) permet de constater la mise en place de deux réseaux distincts. Dès 1926, on annonce que les Romans canadiens sont vendus dans des points de dépôt en France, en Grande-Bretagne, mais aussi, de manière plus surprenante, à Saigon, à Alger et au Cap. L’éditeur semble alors exploiter les réseaux marchands de comptoirs coloniaux français et britanniques pour participer à la diffusion, au sein de différentes librairies francophones, de la littérature canadienne outremer. Puis, à partir de 1944, alors que la France est encore sous l’Occupation, Montréal devient la plaque tournante de l’édition francophone mondiale, et Garand en profite pour ouvrir de nouveaux réseaux de distribution vers l’Amérique latine, convoquant un ensemble de relations diplomatiques et politiques canadiennes. L’éditeur cible alors notamment les dépositaires en Argentine, au Chili, en Colombie, à Cuba et au Pérou, par le biais des représentants commerciaux et des fonctionnaires du Ministère des Affaires extérieures du Canada. Cette entreprise ne vise toutefois pas, chez l’éditeur, une inscription dans des réseaux d’échanges intellectuels et culturels suivant l’axe nord-sud, étudiés notamment par Michel Lacroix et Michel Nareau. Résolument commercial, le système mis en place par Édouard Garand touche moins l’économie du savoir que la mise en marché de produits littéraires.

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