Open Access
« Mais qui ose en affronter les suites ? » : Emil Cioran et les rapports entre la vanité, le suicide et l’écriture
Author(s) -
Joseph Acquisto
Publication year - 2018
Publication title -
quêtes littéraires
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 2657-487X
pISSN - 2084-8099
DOI - 10.31743/ql.3488
Subject(s) - humanities , art , philosophy
Selon Emil Cioran, tout être humain est « imbu de la conviction que tout est vain ». Par contre, Cioran se demande tout de suite après avoir indiqué cette reconnaissance universelle de la vanité : « Mais qui ose en affronter les suites ? ». En quoi l’écrivain cioranien s’associe-t-il à cette humanité généralisée et en quoi est-ce qu’il s’en distingue ?
Quelle doit être notre réaction alors, face à la vanité de tout ? On pourrait être tenté de dire que la destruction, et surtout l’autodestruction, semble être la réaction la plus raisonnée. Bien que Cioran écrive de manière quasi-obsessionnelle sur le thème du suicide, il n’arrive pas à le recommander comme solution à la vanité justement parce que la vanité résiste à toute solution. L’écrivain se voit ainsi dans une position contradictoire, car à quoi sert-il de déclarer la vanité de tout si cette déclaration ne fait que participer à cette même vanité ? L’acte de publier des livres n’est pas, selon Cioran, plus efficace que le suicide en ce qui concerne l’atténuation de la vanité, mais l’écriture et la lecture en tant que création et destruction simultanées nous permettent d’oublier la vanité au moins assez pour continuer à vivre.