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Imagination, représentation et impression : Quelques remarques grammaticales de Wittgenstein
Author(s) -
Charlotte Gauvry
Publication year - 2017
Publication title -
bulletin d'analyse phénoménologique
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 1782-2041
DOI - 10.25518/1782-2041.952
Subject(s) - humanities , philosophy
Notre article explore les analyses de Wittgenstein développées dans ses Remarques sur la philosophie de la psychologie II de 1948 qui examinent la corrélation entre la représentation et l’imagination. Ces remarques ont une portée essentiellement grammaticale en ceci qu’elles ont pour finalité de clarifier la manière dont les concepts de « représentation », d’ « image » et d’ « impression sensorielle » sont effectivement mobilisés dans nos jeux de langage ordinaires. Le premier objectif de l’article est de souligner la dimension critique de l’analyse de Wittgenstein en manifestant sa portée polémique à l’encontre de la conception de Hume qui associe l’imagination à une « idée » ou « image interne » et qui postule la thèse selon laquelle l’image interne et l’impression sensorielle diffèrent par leur degré de vivacité. L’un des enjeux de l’analyse wittgensteinienne est en effet de montrer qu’une telle conception repose sur un « mythe de l’image interne ». La preuve en est qu’il est possible de dissocier le concept d’imagination (entendue comme représentation), de ceux d’image et d’impression, même si ces concepts sont souvent corrélés. Plus positivement, le deuxième objectif de l’article est de souligner quelques spécificités grammaticales de la représentation par image. L’analyse conceptuelle manifeste en effet le fait que seule l’imagination, entendue comme activité de représentation, à la différence de l’impression, 1/ est soumise à la volonté, 2/ est une pratique normée, 3/ présente une dimension créatrice. En raison de ces spécificités, il s’avère que seule l’imagination est susceptible d’inventer de nouveaux jeux de langage. En conséquence, l’article insiste pour conclure sur le fait que l’imagination se présente comme un outil méthodologique privilégié de l’analyse wittgensteinienne dont l’une des aspirations ultimes est d’obtenir une visée synoptique de nos différents jeux de langage.