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De la nature humaine au sujet transcendantal : Comment l’activité libre du moi et sa responsabilité à l’égard de la raison théorique et pratique s’étayent sur la dynamique propre à la sphère passive
Author(s) -
Bruno Leclercq
Publication year - 2020
Publication title -
bulletin d'analyse phénoménologique
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 1782-2041
DOI - 10.25518/1782-2041.1170
Subject(s) - humanities , philosophy
Il est possible de proposer une lecture génétique de l’œuvre de Husserl tout entière axée sur la tension — et la tentative de conciliation — entre exigences rationalistes et explications empiristes ; une fois le rationalisme radicalement assuré par les thèses fortes marquant le double tournant antipsychologiste puis transcendantal, les préoccupations génétiques initiales héritées de la tradition empiriste peuvent retrouver toute leur pertinence pour autant qu’elles soient rapportées à la sphère de la passivité, qui « motive » l’activité subjective sans la déterminer. Tout à la fois distincte de la causalité naturelle et de la justification rationnelle, cette « motivation » joue un rôle crucial dans le dispositif théorique. Reste toutefois à rendre compte de l’économie psychique propre à cette subjectivité tout à la fois passive et active. Inspirées de Husserl mais aussi de Freud, de belles analyses de Rudolf Bernet montrent ce qu’il en est dans la sphère volitive. D’origine naturelle (biologique) mais de nature psychique (et, en ce sens au moins, « conscientes »), les pulsions enjoignent le moi de les satisfaire. Pour s’exécuter au mieux, le moi, qui est aussi redevable à l’égard du surmoi et du principe de réalité (c’est-à-dire, en gros, des exigences de la raison pratique et de la raison théorique), s’efforce de trouver une solution à l’équation des contraintes auxquelles il est soumis. Il en vient alors à donner son aval à ces pulsions sous la forme de désirs et de souhaits intentionnels qu’il juge acceptables (et susceptibles de les satisfaire sur le long terme), ou au contraire à inhiber ces pulsions sous les modalités de leur investissement spontané. Dans ce cas, toutefois, c’est encore dans des pulsions (pulsions en sens contraire, pulsions d’autoconservation, etc.) que le moi trouve la force nécessaire à s’opposer. Prenant au sérieux la suggestion de Bernet selon laquelle les sensations ont elles-mêmes un caractère pulsionnel, nous nous efforçons ici d’évaluer la transposition possible de ses analyses dans la sphère judicative. Dans cette perspective, perceptions et jugements intentionnels constituent la meilleure réponse qu’apporte le moi actif à la pression des sensations et à leur modalisation spontanée sous forme de synthèses passives. Soucieux de ses intérêts à long terme, le moi s’avère capable de rejeter certaines données sensorielles et de s’opposer à certaines tendances psychiques qui se font pourtant pressantes.

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