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Les espaces interstitiels du végétal
Author(s) -
Rachel Bouvet
Publication year - 2020
Publication title -
phantasia
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 0774-7136
DOI - 10.25518/0774-7136.1170
Subject(s) - art , humanities
Cet article s’intéresse à la relation étroite qui s’établit entre les espaces interstitiels et le végétal. Le terrain vague se caractérise par la prolifération des « mauvaises herbes », qui profitent de chaque espace laissé à l’abandon, de chaque craquelure de béton, pour s’implanter. Les chemins, les routes, les passages, les allées sont souvent bordés d’arbres ou d’arbustes, de fossés remplis de fleurs indigènes. Le seuil des habitations se trouve lui aussi matérialisé par les plantes : les pots de fleurs placés au bord des fenêtres ou des portes, les haies, les jardins, l’arbre ombrageant la maison, ou planté au centre de la cour, et ainsi de suite. Deux romans contemporains sont ici analysés : Trois femmes puissantes de Marie NDiaye (Gallimard, 2009) et Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes d’Olivier Bleys (Albin Michel, 2015), à partir d’une approche géopoétique qui met à profit des notions de géographie (la frontière, l’habiter) et de botanique. Ces deux romans présentent un dispositif spatial similaire dans la mesure où l’arbre situé sur le seuil se substitue à l’habitation usuelle. Dans le premier cas, le flamboyant au seuil du récit, au seuil de la maison, semble constituer la véritable demeure de l’homme, demeure dont les frontières habituelles se dissolvent grâce aux indéterminations caractéristiques du réalisme magique. Dans le second, le point de vue privilégié est celui du sumac dépérissant, véritable témoin des transformations de la ville et de ses quartiers périphériques, ses racines retenant les défunts et le passé de manière à résister à la disparition de la mémoire et à la dissolution des lieux. L’analyse des parcours et des frontières met en évidence la tension entre immobilité (de l’arbre) et mouvement (des personnages, des feuilles, de la sève, de la laque…).