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Aspects du vitrail d’après l’Abbé Suger et Henri Matisse
Author(s) -
Barbara von Orelli-Messerli
Publication year - 2021
Publication title -
conexus
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 2673-1851
DOI - 10.24445/conexus.2020.03.012
Subject(s) - humanities , art
De prime abord, cela peut sembler étrange de comparer les vues et les idées de deux personnalités dont les vies sont séparées par presque 1000 ans : d’un côté l’Abbé Suger (1081–1151), de l’autre Henri Matisse (1869–1854). Ce n’est pas seulement un immense intervalle qui les sépare, mais également leurs fonction et position dans la société. Suger, éduqué dès l’âge de dix ans à l’Abbaye Saint-Denis, avait comme compagnon de classe Louis Capet, couronné roi de France en 1108. Suger devint secrétaire de l’abbé Adam de Saint-Denis et par la suite également conseiller du roi. En 1122, élu abbé de Saint-Denis, Suger n’était pas seulement la personnalité avec le plus grand pouvoir ecclésiastique en France, mais bien plus celui qui avait, après le roi lui-même, la plus grande influence politique dans le royaume. L’agrandissement de l’église de Saint-Denis lui valut la réputation, non pas d’avoir inventé le style gothique, mais de l’avoir systématisé ainsi que d’avoir fait usage du vitrail d’une façon jusqu’alors inconnue par son effet resplendissant et novateur.
Henri Matisse était, en son temps et pour sa génération, une personnalité phare, qui comptait, avec Pablo Picasso, parmi les plus grands artistes. Si l’on en juge d’après sa carrière artistique, il n’était pas évident qu’il se consacrât vers la fin de sa vie au vitrail. Mais lors de la création de la chapelle de Notre-Dame-du-Rosaire (1947/1952) à Vence, ce fut pourtant ce médium artistique qui déclencha tout un processus qui mena à la conception et à la construction de cet édifice. En tant que néophyte en la matière, il dut se battre contre les des matériaux ingrats, jusqu’à ce qu’il réussisse à leur imposer sa volonté et sa vision artistique.