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Dynamiques foncières et encastrement des marchés en Côte d’Ivoire : la fin du dogme du « Baoulé travailleur et non vendeur de terre » ?
Author(s) -
Mlan Konan Séverin
Publication year - 2021
Publication title -
european scientific journal
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 1857-7881
pISSN - 1857-7431
DOI - 10.19044/esj.2021.v17n2p191
Subject(s) - humanities , political science , geography , art
En Afrique, et singulièrement en Côte d’Ivoire, les peuples sont unanimes que la terre est un bien commun, sacré. Elle ne peut être cédée qu’à titre temporaire. En dépit de cette idéologie, il est apparu un marché foncier dans toutes les zones forestières et de transition. Cette étude part de l’hypothèse qu’une terre qui est favorable à une spéculation en « vogue » fait apparaître un marché foncier, qui subit les normes des autres marchés préexistants, et les normes traditionnelles de gestion foncière s’en trouvent déconstruites, dépassées. L’étude de type ethnographique a eu pour terrain empirique les villages des sous-préfectures de Kpouebo et de Kpacobo situés, respectivement dans les départements de Toumodi et Taabo (Centre-sud ivoirien), avec le village d’Adahou (dans la sous-préfecture de Kpouebo) comme cas de marché foncier. Les données ont été produites par une recherche documentaire couplée d’observations directes dans les villages desdites souspréfectures. De plus, des entretiens semi-directifs ont été faits auprès du Souspréfet de Kpouebo, du chef de village d’Adahou et sa notabilité, du président des jeunes et des membres de la mutuelle de développement d’Adahou, des chefs de ménages dudit village ayant accepté ou refusé de vendre leurs biens fonciers familiaux, enfin auprès des intermédiaires de vente de terre d’Adahou et de Kpouebo. Cette étude se fixe pour objectif d’appréhender tous les marchés fonciers comme des marchés encastrés, enchevêtrés dans des relations sociales locales et nationales. L’analyse des résultats montre que, tout comme les peuples forestiers qui n’ont pu s’abstenir de céder leurs terres, sous la ruée de migrants pour la cacaoculture ou l’urbanisation, les Baoulé du Centre-sud de la Côte d’Ivoire sont devenus « vendeurs » de terres rurales, sous la pression des élites politiques favorables à l’hévéaculture. Dès lors, l’apparition du marché foncier dans la zone d’étude doit être perçue comme les effets de l’encastrement des marchés fonciers d’autres régions forestières ivoiriennes, et non comme de la paresse caractérielle. En outre, il est à retenir que le marché foncier d’Adahou est spécifique, car la population a choisi de vendre des portions de terres familiales afin d’édifier un nouveau village et améliorer son cadre de vie. En somme, le marché foncier d’Adahou a engendré un nouveau village moderne. Cependant, ce marché n’a permis à la population de se créer des vergers d’hévéa. Il a plutôt entrainé le transfert de manteaux forestiers arables au profit des élites, rendant les propriétaires coutumiers des paysans sans terre.

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