
Representation mythique du monde et domination masculine chez les Pomaques Grecs
Author(s) -
Bernard Vernier
Publication year - 1981
Publication title -
epitheōrīsī koinōnikōn ereunōn/epitheōrīsī koinōnikōn ereunōn
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 2241-8512
pISSN - 0013-9696
DOI - 10.12681/grsr.571
Subject(s) - humanities , philosophy
Ce travail, qui fait partie d'un ensemble de recherches sur les rapports de dominations et/ou d'exploitation intra familiaux en Grèce, essaie d’éviter le double écueil du formalisme théorique et de la monographie dépourvue de problématique. Utilisant la méthode de l'étude de cas, l'analyse des rapports entre les sexes dans un village pomaque sert de prétexte à l'analyse d'un mode de domination par ticulier par lequel peut se réaliser l'exploitation des femmes dans cer taines sticiétés rurales. On ne peut comprendre la division sexuelle du travail chez les Pomaques sans la référer au système des oppositions mythiques qui informe toutes les pratiques et les classe en masculines ou féminines. Les contradictions apparentes s'expliquent par les problèmes que ren contre la pensée mythique en s'actualisant dans la division du travail et qui sont d'ordre technico-économique autant que logique. Si la pensée mythique échappe cependant à la contradiction c'est qu elle classe les activités selon différents types de classement en saisissant chaque activité sous une multitude de rapports: lieu d'exercise, posture exigée, caractère plus ou moins salissant du travail, etc. En position dominante dans les rapports de production, les hom mes trouvent, dans les oppositions mythiques, les conditions idéologi ques du maintien de leur domination. Parcequ'il fonde la place de chaque sexe dans la nature des choses, parcequ'il tend à produire con tinûment les preuves de sa véracité et qu'il est relativement autonome par rapport aux rapports de domination et d'exploitation qu'il soustend, le «discours» mythique occulte ces rapports. Par ailleurs en reléguant les femmes dans un espace clos, en les excluant de l'école et du cinéma, en les séparant d'avec l'argent il est au principe de leur dépendance totale et il leur ôte les instruments intellectuels et les moyens matériels nécessaires à leur libération Du fait de leur position dominante, les hommes ont trouvé dans les changements, provoqués par l'ouverture de la société pomaque vers l'extérieur, l'occasion de renforcer leur position. Pour les femmes les changements ont entraîné un surcroît de travail et surtout un ren forcement de leur dévalorisation. Cependant ils sont à terme, pour elles, des facteurs de libération comme le montre l'émergence chez les jeunes filles d’une conscience aiguë de leur exploitation.