La mort dans les Fragments de l’histoire de ma vie du Prince de Ligne

Les Fragments de l’histoire de ma vie s’écrivent, plus qu’aucune autre œuvre du Prince de Ligne, au voisinage sinon vraiment constant du moins fort régulier de la mort. Ils ne rejoignent pour autant ni le nouveau pathétique de la mort sentimentale (la mort de toi de Philippe Ariès), ni la critique éclairée des angoisses eschatologiques, que les Philosophes croient volontiers fomentées, à des fins bassement intéressées, par des pastorales indiscrètes. Le Prince se méfie en effet de tout pathétique survolté et se moque volontiers des deuils trop larmoyants qu’il rencontre autour de lui. Les Fragments se montrent au contraire très attentifs à toutes sortes de présages et d’annonces et semblent par moment fort près de « croire aux pressentiments et aux rêves » (p. 188) : la mort, ici, est loin d’être entièrement désenchantée. Elle l’est même si peu que le Prince retourne, pendant ses dernières années, à une religion de type assez traditionnel, conversion dont il sourit parfois tout le premier mais qui comporte aussi ses moments de ferveur.