Premium
Du corps épistolaire. Les correspondances de Julie de Lespinasse
Author(s) -
Melançont Benoît
Publication year - 1996
Publication title -
orbis litterarum
Language(s) - French
Resource type - Journals
SCImago Journal Rank - 0.109
H-Index - 8
eISSN - 1600-0730
pISSN - 0105-7510
DOI - 10.1111/j.1600-0730.1996.tb00018.x
Subject(s) - humanities , philosophy , art
Selon Alain Buisine. la pratique épistolaire serait “thanatographique en son principe même”: cette “thanatographie”, cette écriture de la mort, constituerait en effet une de ses spécificités. Parce que l'on écrit à un absent, ou parce que l'on est soi‐même absent lorsqu'on écrit. l'on connaîtrait par avance ce que sera la mort, cette absence définitive. Chez Julie de Lespinasse (1732–1776), la “thanatographie épistolaire” est continuellement active: pour celle qui disait savoir “souffrir et mourir”, il s'agit tantôt de pleurer un amant (le marquis de Mora), tantôt de regretter de ne pas l'avoir suivi dans la tombe, tantôt de se peindre malade, puis mourante. De ces trois manières de concevoir l'écriture de la mort, la troisième sera étudiée. Dans un premier temps, il s'agira de décrire le corps malade et de voir comment le discours sur celui‐ci et le discours épistolaire sont liés, au point de créer ce que l'on appellera le corps épistolaire. On rapportera ensuite cette liaison a une analyse du fonctionnement des deux principales séries épistolaires de Julie de Lespinasse, soit les lettres adressées à Guibert (1773–1776) et celles à Condorcet (1769–1776), afin de comprendre comment le discours sur le corps singularise chacune de ces correspondances.