Répétition et différence: Du crime sacréà la punition profane

La séquence crime/châtiment, où la violence répond à la violence, se présente comme une manifestation de la structure fondamentale représentée par la répétition différenciée: celle qui vise un effet thérapeutique. Ce type de répétition a étéétudié sur la plan psychologique par Freud et Jacques Lacan, sur le plan social par René Girard. Dans la littérature, la répétition se place d'emblée sur le niveau symbolique: le crime trouble l'ordre social et cosmique, laissant l'homme face à un univers arbitraire, absurde, et chaotique où tout est permis; il doit être suivi de punition pour que tout rentre dans l'ordre. Si le crime, surtout le crime de violence, inspire l'horreur, c'est parce que le mal est une manifestation particulière et privilégiée du sacré. L'exorcisme de ce mal est obtenu par la punition, qui nous ramène du niveau sacré des événements extraordinaires et inquiétants au niveau profane de la vie ordinaire, tolérable. Dans les sociétés civilisées, la répétition de la violence du crime est remplacée par l'emprisonnement, ou la catharsis émotionelle est remplacée par la censure rationaliste (profane) qui cherche à stériliser l'élément irrationnel qui fonde le crime (sacré).