Evaluation de l'exhaustivité des systèmes de surveillance épidémiologique du paludisme dans les armées françaises en 1994 par la méthode de Capture‐recapture

Résumé La méthode de Capture‐recapture a été utilisée pour évaluer l'incidence annuelle du paludisme dans les armées françaises en 1994 à partir des incidences déclarées dans deux systèmes réglementaires, passifs, et exhaustifs, de surveillance épidémiologique: le Recueil et l'Exploitation des Données Epidémiologiques des Armées (REDEA) et le système de Surveillance Epidémiologique Spécifique du Paludisme (SESP). Les cas de paludisme déclarés au REDEA et à la SESP en 1994 s'élevaient respectivement à 480 et 424. 238 cas avaient été déclarés dans les deux systèmes. Après avoir validé les conditions d'application de la méthode de Capture‐recapture (en particulier après avoir vérifié que les déclarations au REDEA et à la SESP étaient probablement indépendantes), son utilisation nous a permis d'évaluer l'incidence du paludisme en 1994 dans les armées françaises à 854 cas. Les taux d'exhaustivité calculés pour le REDEA et la SESP étaient respectivement de 56,2% et 49,6%. 22% des cas échappaient aux deux systèmes de déclaration. Les taux d'exhaustivité de la SESP et du REDEA, estimés dans notre étude, étaient comparables à ceux obtenus par la méthode de Capture‐recapture appliquées dans une autre enquête au cadre légal des deux systèmes de surveillance épidémiologique passive et exhaustive des méningites à méningocoque en France en 1989 et 1990. Ces résultats démontrent qu'il est difficile d'apprécier l'importance épidémiologique d'une pathologie sous surveillance par les seuls résultats de la surveillance passive et exhaustive. En 1995, un nouveau système de surveillance a été mis en place dans les armées: une retro‐information mieux conduite et plus motivante, alliée à une meilleure formation des médecins des régiments à la surveillance épidémiologique devrait permettre d'améliorer l'exhaustivité des déclarations dans les armées. Summary The Capture‐recapture method has been utilized to evaluate the annual incidence of malaria in the French armies in 1994 on the basis of the incidence derived from two regulatory systems, passive and exhaustive, of epidemiological surveillance: the Recueil et l'Exploitation des Données Epidémiologiques des Armées (REDEA) and the Surveillance Epidémiologique du Paladisme (SESP) system. Cases of malaria found by REDEA and SESP in 1994 rose to 480 and 424 respectively. Two hundred and thirty‐eight cases were found by both systems. After validating the conditions for the application of the Capture‐recapture method (in particular, having verified that the results from REDEA and SESP were probably independent), its utilization allowed us to evaluate the incidence of malaria in the French army in 1994 at 854 cases. The calculated exhaustivity values for REDEA and SESP were 56.2 and 49.6% respectively; 22% of cases were missed by both systems. The exhaustivity values of SESP and REDEA estimated in our study were comparable to those obtained by the Capture‐recapture method applied in another legal inquiry into the passive and exhaustive epidemiological surveillance of meningitis and meningococcosis in France in 1989 and 1990. These results show that it is difficult to evaluate the epidemiological importance of a sickness on the results of passive and exhaustive surveillance alone. In 1995, a new system of surveillance was established in the army: a better conducted and more motivated retro‐informative system, linked to a better education of medical officers in epidemiological surveillance permitted an improvement in the completeness of the results in the armies.