
Les Mouvements Sociaux Senegalais et le Foncier: Un Combat entre Influence des Politiques Publiques et la Lutte Contre les Acquisitions de Terres a Grande Echelle
Author(s) -
Faye Iba Mar
Publication year - 2016
Publication title -
proceedings of the african futures conference
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 2573-508X
DOI - 10.1002/j.2573-508x.2016.tb00062.x
Subject(s) - political science , humanities , philosophy
Résumé Ce papier essaie de montrer comment les mouvements sociaux s'activent depuis les années 2000 au Sénégal pour défendre les droits fonciers des exploitations familiales. Cette analyse se basera sur deux éléments principaux : (i) le travail d'influence des politiques publiques, notamment la réforme foncière en cours ; (ii) La mobilisation contre les acquisitions de terres à grande échelle et l'accompagne des communautés victimes. Les outils de la Sociologie des organisations et de la Sociologie des mouvements sociaux et de la participation seront utilisés dans l'analyse. En 2000, le Sénégal connait sa première alternance sur le plan politique qui consacre la fin du règne du parti socialiste et l'arrivée au pouvoir d'un régime libéral. A des rythmes divers, progressivement, tous les secteurs de l'économie ont connu une libéralisation. L'agriculteur n'a pas échappé à cette politique. Cette libéralisation du secteur agricole s'est accélérée avec la crise alimentaire de 2008 qui a donné à l'Etat le prétexte tant attendu pour promouvoir l'investissement de privés sénégalais et étranger dans l'agriculture afin dit‐il de lutter contre l'insécurité alimentaire. Ainsi, le cadre institutionnel et l'environnement économique ont été revus pour offrir un climat plus « sécurisé » aux promoteurs privés. Le programme Grande Offensive pour l'Agriculture, la Nourriture et l'Abondance (GOANA) est lancé. Le président de la République a demandé à toutes les communautés rurales d'affecter 1000 hectares chacune à des investisseurs. Des ministres, députés, hauts fonctionnaires, hommes religieux… en ont profité pour avoir des terres et devenir des « paysans du dimanche ». Au même moment, le plan REVA (Retour vers l'Agriculture) comme soi‐disant réponse à l'immigration clandestine et l'exode rural est lancé de même que le programme biocarburant. S'y ajoute que le code des investissements voté en 2004 offre des avantages importants aux investisseurs. Tous ces éléments ont favorisé une ruée vers les terres agricoles et ont remis le foncier au cœur des débats sur les politiques de développement. Ainsi, l'Etat a inscrit la réforme foncière dans l'agenda gouvernemental. Devant une telle situation, les mouvements sociaux avec les paysans à la tête, mènent des actions pour faire entendre leur voix dans un souci d'améliorer et protéger les droits fonciers des exploitations familiales et lutter contre les menaces de ce qu'ils ont considéré comme des accaparements de terres. Cette dynamique des mouvements sociaux présente un intérêt certain et un champ d'analyse pertinent pour la recherche en Sciences sociales. Basé sur la tradition africaine de recherche‐action, ce papier tente en réalité, à travers l'analyse de l'action des mouvements paysans, d'explorer les nouvelles formes de lutte des mouvements sociaux dans la perspective d'un chercheur‐activiste qui travaille depuis des années avec la société civile, les organisations paysannes sénégalaise et les communautés sur ces questions foncières.