Transformations Territoriales et Mouvelles Vulnérabilités au Risque Infectieux: Les Marges sud‐est du Sénégal Face à ses Dynamiques Récentes

Résumé Notre contribution interroge la traduction des transformations des territoires d'une périphérie ouest‐africaine en ouverture en termes de vulnérabilités spatiales au risque infectieux. Le Sénégal Oriental forme une périphérie nationale héritée d'un long processus de « retournement du territoire » (Ninot 2003). Pourtant, de récentes dynamiques d'ouvertures viennent remettre en question cette configuration historique. Ces dynamiques se déclinent en termes de revalorisation de la situation spatiale du sud‐est sénégalais, carrefour des trois frontières (Sakho 2005), d'un renouvellement des vocations attribuées à cet espace en marge, et d'un bouleversement conséquent des relations spatiales. L'extrême sud‐est est particulièrement affecté par ces transformations qui se matérialisent par un regain de l'activité minière et des bouleversements spatiaux qui l'accompagne (Mbodj 2009; Greig 2009). Cet espace est marqué par des épisodes d'émergences infectieuses qui se manifestent notamment par une recrudescence des épidémies dans les villages et les sites miniers (OMS 2015; OMS 2013; Traore‐Lamizana et al. 1996). Les virologues expriment d'ailleurs des préoccupations face au risque d'émergences de maladies infectieuses en réaction aux mutations à l'œuvre dans ces espaces et ces lieux (Sow et al. 2014; Sow et al. 2014). Notre contribution éclaire la manière dont les vulnérabilités spatiales au risque infectieux se construisent dans ces territoires en mutation. Nous défendons l'idée que les inégales vulnérabilités des espaces, des lieux, et des liens du sud‐est sénégalais en mutation relèvent de multiples relations dialectiques et multiscalaires, spatialement et temporellement, entre des formatages territoriaux hérités et des pratiques spatiales innovantes qui s'affranchissent des cadres formels.