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Parcours et Portraits de la Jeunesse au Chômage en Casamance: Expériences Vécues et Perspectives d'Avenir
Author(s) -
LabruneBadiane Celine
Publication year - 2016
Publication title -
proceedings of the african futures conference
Language(s) - French
Resource type - Journals
ISSN - 2573-508X
DOI - 10.1002/j.2573-508x.2016.tb00022.x
Subject(s) - humanities , political science , art
Résumé Dans la région de Ziguinchor, le chômage, phénomène structurel et massif, touche environ 60% des jeunes. Or, la jeunesse, composant la majeure partie de la population, aujourd'hui mieux éduquée ‐ et parfois mal formée ‐ représente autant un atout pour le développement de la région qu'un risque d'instabilité politique et sociale, d'autant plus urgent à prendre en compte en Casamance où instaurer la paix est plus que nécessaire pour assurer le développement. Ainsi, la génération « bazooka » (née après 1983) n'a jamais connu ni la paix ni la croissance économique, ce qui la rend d'autant plus vulnérable. Dans le cadre de cette communication, il s'agit de reconstituer les parcours de ces jeunes au chômage dans leur diversité afin de cerner leurs projets professionnels et plus largement leurs perspectives d'avenir. D'abord, il s'agit d'identifier et d'analyser les causes du chômage des jeunes, en amont d'abord en questionnant « l'efficacité interne » et « externe » du système éducatif sénégalais au sens large, dans une région où l'école a massivement et précocement été choisie comme moyen d'ascension et de reproduction sociale par les populations. Le chômage des jeunes est autant lié à un marché de l'emploi moribond dans un contexte économique largement dégradé par le conflit casamançais qu'à l'insuffisante adéquation entre école et réalités socio‐économiques régionales et nationales. Enfin, pour de multiples raisons, les déperditions scolaires restent encore trop importantes. Le capital scolaire peine ainsi à se transformer en capital social. Pour la plupart de ces jeunes, l'expérience du chômage est pénible du fait de leurs difficultés matérielles et de la situation de dépendance vis‐à‐vis de leur famille qu'elle engendre, ainsi que de l'image négative que la société leur donne d'eux‐mêmes. Pour autant ces jeunes sans emploi ne sont pas inactifs et déploient des stratégies plurielles pour sortir de la précarité et trouver un « vrai » travail. C'est enfin une jeunesse engagée politiquement qui agit pour peser sur son avenir et celui de la région. Le manque de perspectives d'avenir et le sentiment d'injustice alimentent une forme de colère à l'égard d'un Etat considéré comme incapable de répondre aux besoins de sa jeunesse. Or, parmi les jeunes casamançais, comme dans d'autres régions secouées par des conflits et crises politiques, certains sont toujours prompts à prendre les armes et à rejoindre le maquis pour faire entendre leur voix et trouver une issue à leur condition. Comme l'ont montré les travaux en sciences humaines, sociales et politiques, l'Ecole, l'emploi des jeunes et le conflit casamançais sont ainsi des questions étroitement liées (F. De Jong, 1999 ; V. Foucher, 2002 ; C. Labrune‐Badiane, 2008 et 2012 ; J.‐C.Marut, 2010). Si en effet la baisse de l'emploi public, l'augmentation du chômage des jeunes et la « crise scolaire » sont en partie à l'origine du déclenchement et de la continuation du conflit, il nous semble réducteur d'établir un lien mécanique entre chômage et maquis et nous verrons que les ressorts de l'enrôlement sont bien plus complexes et ont évolué au fil des generations Dans la région de Ziguinchor, le chômage, phénomène structurel et massif, touche environ 60% des jeunes, selon les sources. Or, la jeunesse, composant la majeure partie de la population, aujourd'hui mieux éduquée ‐ et parfois mal formée ‐représente autant un atout pour le développement de la région qu'un risque d'instabilité politique et sociale, d'autant plus urgent à prendre en compte en Casamance où instaurer la paix est plus que nécessaire pour assurer le développement. Ainsi, la génération « bazooka » (née après 1983) n'a jamais connu la paix et est actuellement marginalisée par une économie de plus en plus mondialisée et localement dégradée par 33 ans de conflit, ce qui la rend d'autant plus vulnérable. Pour autant, la jeunesse n'est pas simplement synonyme d'exclusion et de marginalisation, elle est aussi dotée d'une grande capacité d'innovation et de créativité. Dans le cadre de cet article, il s'agit d'abord de restituer les parcours scolaires de ces jeunes actuellement au chômage, qui s'inscrivent dans le cadre d'un système éducatif incapable de maintenir l'ensemble des élèves à l'école et trop peu en phase avec les besoins de l'économie, dans une région où l'école a massivement et précocement été choisie comme moyen d'ascension et de reproduction sociale par les populations. Ensuite, nous observerons l'impact du chômage sur les modes de vie des jeunes et la manière dont ils vivent cette expérience. Loin de l'image de jeunes inactifs, nous verrons que ces jeunes sans emploi déploient des stratégies plurielles pour sortir de la précarité et trouver un emploi. Enfin, nous tenterons de saisir leur capacité d'action dans le champ social et politique. Le manque de perspectives d'avenir et le sentiment d'injustice alimentent une forme de colère à l'égard d'un Etat considéré comme incapable de répondre aux besoins de sa jeunesse. Or, parmi les jeunes casamançais, comme dans d'autres régions secouées par des conflits, certains sont toujours prompts à prendre les armes et à rejoindre le maquis pour faire entendre leur voix et trouver une issue à leur condition.

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