L'Europe comme ambition puis comme espace: histoire d'un modèle victime de son succès?

Résumé On voit mal comment l'on pourrait refuser d'élargir l'Europe aux ex‐pays de l'Est. Les arguments qui ont plaidé en faveur de la Grande Bretagne, de la Grèce, de l'Espagne et du Portugal doivent s'appliquer aux Etats d'Europe centrale et orientale. Compte tenu du caractère inéluctable des futurs élargissements, il ne saurait être question de renoncer à l'approfondissement et ce, au risque de la désintégration pure et simple de la Communauté. A n'en pas douter, en effet, les pays d'Europe centrale et orientale rejoindront les rangs des partisans de l'Europe minimale, de "l'Europe des patries". S'il s'agit de renoncer au super Etat fédéral pour rester dans le flou d'un système hybride, mélange de supranationalité et de souveraineté, l'objectif reste celui d'une construction politique, certes respectueuse des différences nationales, mais nécessairement plus intégrée et cohérente. Dans le contexte actuel – qui est aussi celui de l'Union économique et monétaire – on peut dès lors se demander si l'on ne devrait pas voir dans le modèle suisse d'unité (fé‐dérale) dans la diversité (nationale) une source d'inspiration.