
Traces du Grand Meaulnes dans Le pont traversé (1921) de Jean Paulhan
Author(s) -
Camille Koskas
Publication year - 2020
Publication title -
tangence
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 1710-0305
pISSN - 1189-4563
DOI - 10.7202/1069143ar
Subject(s) - humanities , art , philosophy
La présence du Grand Meaulnes dans le parcours de Jean Paulhan tient d’abord à un ensemble de faits biographiques : sa relation avec Jacques Rivière, beau-frère d’Alain-Fournier, après la guerre ; la profonde amitié qui le lie à Albert Uriet, dont il fait la rencontre en 1914, et qui sera le premier illustrateur du Grand Meaulnes . La correspondance qu’il échange avec ce dernier pendant la guerre témoigne de la place qu’occupe dans leur amitié la mémoire commune du roman d’Alain-Fournier, mémoire qui va irriguer et nourrir les écrits de cette période. Ces réminiscences du récit d’Alain- Fournier semblent se déposer dans un texte de Jean Paulhan paru en 1921, le Pont traversé , dans lequel l’auteur, par le dispositif qu’il met en place — des récits de rêves doublés d’un commentaire réalisé à l’état de veille par le narrateur, qui cherche à la fois à les extraire de l’oubli et à les élucider —, engage un processus de reconnaissance, d’exploration d’un espace intérieur, à la fois familier et étrange. Notre hypothèse est que ce processus de reconnaissance engagé par le récit puise à la fois dans cette mémoire partagée de la guerre avec Albert Uriet, qui s’inscrit dans leur correspondance, mais aussi dans les souvenirs du Grand Meaulnes , dont les traces mémorielles imprègnent profondément l’univers du Pont traversé .