
« Toupaille », kits MST et remèdes du « mal d’enfants » chez les Gouro de Zuénoula (Côte-d’Ivoire)
Author(s) -
Claudie Haxaire
Publication year - 2004
Publication title -
anthropologie et sociétés
Language(s) - French
Resource type - Journals
eISSN - 1703-7921
pISSN - 0702-8997
DOI - 10.7202/007447ar
Subject(s) - humanities , political science , philosophy
En prenant l’exemple de l’évolution sur une vingtaine d’années des traitements de maladies spécifiquement féminines, majoritairement diagnostiquées MST (maladies sexuellement transmises), chez les Gouro de Côte-d’Ivoire, nous avons analysé, avec les outils de l’anthropologie du médicament, les remaniements apportés par l’introduction de nouveaux recours thérapeutiques et l’apparition d’une nouvelle maladie (le sida), tant au niveau de la pharmacocénose que de la pathocénose locales. Dans le système de soins de santé actuel de la Côte-d’Ivoire coexistent des remèdes traditionnels, des médicaments, licites ou non, et les kits de produits génériques délivrés par les dispensaires de santé publique (pour le traitement des MST). L’introduction de ces nouveaux recours s’est produit dans le contexte de bouleversements économiques et sociaux qui, allégeant les contraintes pesant sur certains rôles de la femme dans la société gouro, ont affaibli l’étiologie sociale des maladies étudiées. Les remèdes se trouvent alors mis en concurrence avec les thérapeutiques exogènes proposées et évalués à l’aune de leur efficacité empirique du point de vue des utilisateurs (les kits MST valant comme traitement des troubles de la fécondité). Dès lors, les populations ayant reconnu la pertinence du recours aux dispensaires pour le traitement de ces troubles, se pose la question du diagnostic par des personnels de santé sourds aux codes sémiologiques de leurs patients, et de l’accès au médicament, dans les conditions d’efficacité requises, par ces derniers.