
La démocratie dans un espace « postnational »?
Author(s) -
Stéphane Vibert
Publication year - 2003
Publication title -
anthropologie et sociétés
Language(s) - English
Resource type - Journals
eISSN - 1703-7921
pISSN - 0702-8997
DOI - 10.7202/000709ar
Subject(s) - humanities , political science , philosophy
La situation contemporaine voit l’affaiblissement idéologique des États-nations par deux processus concomitants qui loin de s’opposer se nourrissent mutuellement : mondialisation économique et réaction identitaire. D’où le repli des penseurs républicains sur la forme nécessaire d’une « identité nationale », seul lieu possible d’une démocratie comme auto-détermination collective contre les périls du libéralisme et du communautarisme. Cependant, à l’opposé de la conception « procédurale » qui découle logiquement d’une « société des individus », la démocratie doit se comprendre comme fondée sur un monde de significations communes, conditions sociohistoriques d’une valeur prééminente accordée à l’individualité. A contrario, les « communautés modernes » ne sont souvent que des « individus collectifs », juxtaposition de membres pourvus d’une caractéristique identique. La mise au jour du soubassement « holiste » de toute société permet de saisir le rôle de l’État-nation, non seulement figure de l’englobant collectif, mais surtout ouverture vers la précédence de l’institution sociale du sens dans sa dimension implicite.The contemporary scene witnesses the ideological weakening of nation-states through two processes which, far from being opposed, are closely intertwined: the economic globalization and the identitary response. Hence, the republican thinkers’ retreat to the necessary form of “national identity”, only possible ground of democracy as collective self-determination against the perils of liberalism and communitarianism. However, contrary to the “procedural” view logically entailed by a “society of individuals”, democracy is to be understood as based on a world of common meanings, social and historical conditions of a prevalent value given to the individual. The “modern communities” are nothing but “collective individuals”, a juxtaposition of members endowed with identical characteristics. To the contrary, the unconcealement of the holistic foundations in every society allows us to understand the role of nation-state, not only as a figure of modern collective membership, but also as an openness to the precedence of social institution of meaning