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Quelle est l'histoire qui rassemble immigration et cohabitation culturelle en Europe ? Avant toute chose, il faut prendre garde que nous avons affaire a des points de vue sur les choses, non a des concepts ni a des objets du monde. D faudrait mettre des guillemets autour des mots pour le faire ressentir : « immigration », « cohabitation culturelle », « Europe » \ Or, ces points de vue sont disparates. Penser « immigration » suppose (d'une necessite linguistique) de voir depuis un en-dedans (in-) vers lequel migrent ou ont migre des gens venant de l'en-dehors, en l'occurrence d'outre-Mediterranee. Cet en-dedans, ce sont les espaces nationaux, les lois nationales. On peut ajouter qu'« immigration » suppose aussi une comptabilite individuelle, a l'inverse de «migration», qui impliquerait d'emblee un deplacement collectif de grande ampleur. Penser « cohabitation culturelle » en Europe suppose en revanche de voir depuis un belvedere en quelque sorte, d'englober dans une vision simultanee la co-presence d'entites sociales distinctes que sont (seraient) les cultures, — cultures civiles, qui peuvent se jouer des frontieres, cultures nationales aussi, politico-institutionnelles notamment. Cette vision surplombe les Etats, relativise la pertinence des frontieres nationales. On postule une normativite plus composite, anthropologique autant que politique ; des rapports noues sur des territoires d'echelles variables. Que fait alors Γ« immigration » a la « cohabitation culturelle » en Europe ? Elle la nourrit, par hypothese. Et que fait la « cohabitation culturelle » a Γ« immigration » ? Elle aide a la dissoudre, vraisemblablement, a Γ« assimiler ». Du moins est-ce le cercle vertueux que com­ mencent a dessiner les politiques publiques developpees en France et ailleurs en Europe, depuis une vingtaine d'annees. A cote de cela, il existe un cercle vicieux, que le premier tente de

Immigration et cohabitation culturelle en Europe : une histoire en commun