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Les concepts juridiques peuvent devenir des instruments redoutables lorsque l’objet du droit est relégué à l’arrière-scène, laissant place à une morale procédurale. De même, la connotation sociale du droit le lie à sa légitimité alors que cette dernière ne peut en fait être fondée que sur ses manifestations effectives. Le droit constitutionnel a notamment été ébauché afin de restreindre les comportements étatiques pour protéger les droits des individus. De même, la protection des droits fondamentaux se doit de trancher entre les droits et les devoirs d’individus que l’on dit « être égaux ». Ainsi, les droits fondamentaux et l’État de droit (ou rule of law), peuvent dans certaines circonstances être utilisés par des États et des individus afin de justifier des comportements contraires à l’objet de ces droits, mais qui respectent formellement ces normes. Malgré tout, le côté obscur des droits fondamentaux ne peut exister qu’en étant soutenu par leur lumière. Plus encore, il est le résultat de cette lumière.

ANDRÁS SAJÓ, DIR., ABUSE: THE DARK SIDE OF FUNDAMENTAL RIGHTS, UTRECHT, ELEVEN INTERNATIONAL PUBLISHING, 2006